C’est, pour la loi Duplomb, comme un double compte à rebours. Le premier est un chiffre qui continue de faire tic-tac, tic-tac… Celui du nombre de signataires de la pétition déposée sur le site de l’Assemblée nationale demandant l’abrogation du texte qui, au nom de la défense des agriculteurs, réautorise l’utilisation de l’acétamipride, un pesticide controversé appartenant à la famille des néonicotinoïdes. Avec près de 2 100 000 personnes ayant signé la pétition ce dimanche soir, il continue de grimper, à un rythme désormais plus conforme au creux de l’été. Le second est le décompte des jours avant la décision du Conseil constitutionnel : j-4, les «Sages» de la rue de Montpensier ayant laissé entendre qu’ils rendraient leur avis jeudi 7 août. Ils doivent examiner les conditions d’adoption du texte à l’Assemblée nationale, et notamment l’utilisation de cette fameuse motion de rejet adoptée par… les partisans de la loi pour accélérer son examen et contourner le droit d’amendements. Mais aussi la conformité du texte avec la préservation de l’environnement (et donc avec la charte introduite dans la Constitution en 2005) et le droit à vivre en bonne santé. La décision du Conseil constitutionnel dictera donc en bonne partie l’ambiance politique de la rentrée, qui s’annonce déjà très tendue sur les questions budgétaires.
Le Conseil constitutionnel statuera sur le droit. En fonction du verdict, l’exécutif aura, lui, une décision politique à prendre. Avec, pour les uns et les autres, une invitée cruciale dans les débats : la science. Pour essayer d’y voir clair dans la controverse qui oppose partisans et opposants à la loi Duplomb, Libération s’est plongé dans les travaux et études scientifiques, trop absents des discussions parlementaires. Les dangers de l’acétamipride sur la biodiversité ne sont pas ou peu remis en cause. C’est évidemment dramatique. Les risques sur la santé humaine restent contestés. Mais la littérature scientifique est suffisamment alarmante pour poser une question : faut-il, comme ce fut le cas trop souvent, attendre dix ans pour constater les dégâts, ou tout faire pour les éviter ?