La semaine prochaine s’annonce houleuse. Et pénible. Dans le contexte actuel de crispations et d’amalgames en tous genres, débattre d’une loi immigration revient à jeter du sel sur une plaie. Et pourtant c’est bien ce qui attend le Sénat à partir de lundi 6 novembre. Avec d’un côté une droite et une extrême droite chaudes bouillantes – sur la même ligne dure – qui rêvent de se payer la majorité, de l’autre une gauche éclatée et pas vraiment en position de force sur le sujet. Plusieurs mesures prévues vont faire débat, et notamment celle permettant l’éloignement des personnes représentant une «menace grave» ou ayant fait l’objet d’une condamnation définitive, que les droites voudraient durcir encore ; la suppression de l’aide médicale d’Etat qu’elles veulent réserver aux situations d’urgence, ce qui serait indigne de la République ; et enfin l’instauration d’un titre de séjour pour les «métiers en tension».
Cette mesure-là ulcère les droites qui y voient un moyen d’ouvrir grand les portes du pays alors que ce serait simplement faire justice à ces milliers de personnes qui font tourner l’économie française et participent à la solidarité nationale sans les droits et la sécurité qu’ils méritent. Elle permettrait aussi, et c’est important, de libérer des milliers de logements pour l’hébergement d’urgence actuellement occupés par des travailleurs sans papiers. A la manœuvre, le très clivant ministre de l’Intérieur qui a un temps rêvé se bâtir une stature d’homme à poigne via ce projet qu’il a maintenu envers et contre tous, et surtout contre toute puisque la Première ministre aurait préféré se passer de cet exercice pas vraiment nécessaire et hautement périlleux. Faute de majorité à l’Assemblée, Elisabeth Borne risque en effet de devoir in fine dégainer un énième 49.3, ce qui pourrait mettre en danger son gouvernement. Elle va donc laisser Gérald Darmanin monter en première ligne, en espérant secrètement que celui qui ne se cache plus de viser Matignon finisse par y laisser sa crédibilité.