Le projet de loi «pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration» voulue par Emmanuel Macron («c’est le bouclier qu’il nous faut», avait prétendu le chef de l’Etat avant Noël) a terminé ce jeudi son parcours chaotique comme il l’avait commencé en septembre 2022 : dans la honte. Le Conseil constitutionnel a décidé – comme l’exécutif le savait pertinemment – de censurer très largement la loi, votée définitivement à l’Assemblée nationale le 19 décembre. Si le vote de ce texte cruel et anti-humaniste avait été défini par Marine Le Pen comme «une victoire idéologique», son retoquage ne saurait malheureusement être défini comme une défaite du camp raciste et populiste, au contraire. L’ampleur de la censure, qui concerne 40 % du texte, constitue avant tout un désaveu cinglant pour l’exécutif. Mais la décision des «sages» offre au Rassemblement National et ses cohortes d’imitateurs, Les Républicains d’Eric Ciotti compris, l’occasion rêvée de cibler notre démocratie, reprenant texto les refrains de Benyamin Nétanyahou avant sa «réforme judiciaire» et ceux de Donald Trump avant son coup d’Etat avorté : c’est la faute aux juges ! Le président de la République ajoute à son bilan une manœuvre vide de sens législatif – la portée politique de la loi est quasi nulle dans sa nouvelle disposition – mais lourde de conséquences électorales, juste avant la campagne des européennes. Emmanuel Macron fait semblant de ne pas s’en apercevoir, appelant son ministre de l’Intérieur «à tout mettre en œuvre pour que la loi soit appliquée dans les meilleurs délais». Comme une boîte d’allumettes qu’on refermerait négligemment pour la remettre dans sa poche, sans prêter attention à l’étincelle dangereuse qui en jaillit.
L'édito de Dov Alfon
Loi immigration : l’extrême droite prompte au rebond
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Emmanuel Macron et Gérald Darmanin près de Marseille, en juin 2023. (Ludovic Marin/AFP)
par Dov Alfon
publié le 25 janvier 2024 à 20h54
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