Emmanuel Macron a donc choisi la voie d’une commission mixte paritaire pour dénouer la crise politique ouverte lundi 11 décembre, dans la soirée, par l’adoption à l’Assemblée nationale d’une motion de rejet préalable du projet de loi sur l’immigration. Option sans doute la plus évidente, mais aussi la moins pertinente. Elle n’est en tout cas pas à la mesure de la claque reçue lundi soir. Le vote de la motion de rejet préalable acte qu’il n’existe pas de majorité pour voter le projet de loi immigration. Emmanuel Macron peut se rassurer en se disant que l’échec de lundi est arithmétique, et s’entêter à faire voter un texte que députés et sénateurs vont continuer de tripatouiller. En réalité, le projet de loi immigration n’a, depuis qu’il est sur la table, jamais trouvé sa vraie raison d’être, sinon des raisons politiciennes. A jouer avec le feu, l’exécutif a déclenché un incendie. La meilleure façon de l’éteindre serait de constater l’impasse et de retirer ce texte. La majorité s’y refuse, arguant que c’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. On peut lui objecter que le chef de l’Etat candidat a mené une non-campagne sans véritablement de promesses fortes –hormis la réforme des retraites.
Renoncer serait aussi signer la fin du quinquennat, rétorque-t-on dans les couloirs de l’Assemblée. Ah bon ? Comme s’il n’existait pas trois ou quatre axes forts qui pourraient servir de charpente aux quatre années qui viennent. Prenez l’école… N’est-il pas plus urgent d’essayer de réunir les Français autour d’un nouveau contrat entre la nation et son école plutôt que de laisser Gabriel Attal lancer ses expérimentations sur l’uniforme pas franchement à la hauteur ? Même chose avec le système de santé. Des premières mesures ont été prises. Mais le rééquilibrage à opérer est loin d’être terminé. Et bien sûr l’indispensable et compliquée transition écologique. Sur chacun de ces sujets, quel est le récit proposé par Emmanuel Macron ? Aucun pour l’instant. En s’obstinant sur le projet de loi immigration, il prend en tout cas le risque de proposer un récit d’arrière-cuisine faisandée qui ne mènera pas loin.