Rythme effréné de la parole. Gestes des bras limite énervés. Regards acérés vers son interlocuteur. Mercredi soir, pendant la grosse première demi-heure de l’émission C à vous sur France 5, durant laquelle il a essayé de justifier le vote la veille de la loi immigration qui a fait turbuler sa majorité, Emmanuel Macron n’a pas donné le sentiment d’être d’une sérénité absolue. Et, curieusement, dès que l’émission a desserré son étau en abordant d’autres sujets que la loi immigration, le Président s’est immédiatement détendu, a parlé bien plus lentement, bras croisés, bras décroisés, buste plus en arrière. Bizarre, vous avez dit bizarre… Les accusations portées par l’opposition de gauche d’avoir fait voter un texte largement inspiré par les thèses du RN, mais aussi les interrogations qui sont montées jusque dans son propre camp, au point qu’un ministre, Aurélien Rousseau, a préféré quitter le gouvernement, ont manifestement piqué le Président au vif. Résultat, alors qu’il était sur le plateau d’Anne-Elisabeth Lemoine pour assurer que tout allait bien en macronie, le chef de l’Etat a fait passer le message inverse. Sa majorité est au bord du craquage. L’agitation gagne l’Elysée.
Cette absence de sérénité n’a en tout cas pas permis à Emmanuel Macron de partager sa conviction que le texte voté mardi 19 décembre à l’Assemblée est, pour lui, le meilleur moyen de lutter contre l’extrême droite. Ni que les mesures contenues dans la loi sont de nature à lutter contre l’immigration clandestine et à favoriser l’intégration des étrangers en France. A vrai dire, Emmanuel Macron a de bonnes raisons d’être stressé. Car, au-delà de la démission du ministre de la Santé, le prix payé pour arriver à faire voter ce texte est plus que lourd. Quoi qu’en dise le Président, sa majorité est apparue pendant toute cette séquence à la remorque de l’extrême droite et de ses porteurs d’eau, Les Républicains. Son ministre de l’Intérieur est désormais un poids lourd aux airs de petit garçon qui se sait désormais faillible. Et sa Première ministre une cheffe de gouvernement qui, malgré ses dénégations, a laissé certaines de ses convictions aux vestiaires.