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Libération
L'édito de Lauren Provost

LR et RN, bientôt le «ressemblement national» ?

Cette année d’élections européennes pourrait être un tournant pour les deux partis de droite et d’extrême droite, aux accointances de plus en plus évidentes dans leurs discours comme sur le terrain.
Photomontage Libération. (Nathalie Guyon. Thomas Samson/France2. AFP)
publié le 7 janvier 2024 à 21h15

C’est pour quand, la Nupes des droites ? Ça n’est pas qu’on appelle de nos vœux une union qui reste pour l’heure le seul fantasme d’Eric Zemmour, nain politique qui recherche une planche de salut pour son mouvement. Loin de là. Mais après les débats sur la loi immigration, il est sain de se demander ce qui différencie encore Les Républicains et le Rassemblement national. 2023 aura été l’année révélatrice d’un «cordon sanitaire» pourrissant, devenu cordon ombilical tant les idées, les mots et inspirations de l’extrême droite ont nourri les franges droitières de l’échiquier politique. Au niveau local, élus et militants franchissent plus fréquemment le Rubicon qu’avant. Et 2024 devrait continuer d’entretenir le flou, tant les têtes de listes de LR, du RN et de Reconquête défendront des positions similaires aux élections européennes sur l’immigration et la primauté du droit national sur les traités.

Cette élection pourrait d’ailleurs être un tournant. Oui, Les Républicains sortent galvanisés de leur rare succès politique sur la loi Darmanin, mais si le scrutin de juin est à nouveau désastreux et la barre des 5 % loupée, le parti pourrait être confronté à un choix historique pour sa survie. D’autant plus que le jeune président du RN, Jordan Bardella, se pose en grand favori et chasse sur les terres de LR en s’inspirant de Nicolas Sarkozy pour séduire classes moyennes supérieures et retraités. Et puisqu’il ne faut jamais insulter l’avenir, les jeunes leaders des trois formations semblent même le préparer avec moins de pudeur que leurs aînés. Ils l’ont démontré en faisant couverture commune pour le magazine l’Incorrect, discutant de leurs convergences dans un entretien croisé titré : «Les jeunes coupent le cordon.» Difficile de faire plus clair. La réaction de Jordan Bardella à cet épisode : «Les gens que vous citez sont des personnes avec qui on a tous grandi politiquement. On était dans les mêmes soirées étudiantes, certains ont choisi le RN, d’autres Debout la France. Mais on savait, déjà, il y a dix ans, qu’on finirait par se retrouver et travailler ensemble.» Limpide.