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Libération
L'édito de Paul Quinio

Lucie Castets proposée pour Matignon : un nom… mais non

En proposant un nom, celui de Lucie Castets, pour Matignon, le Nouveau Front populaire comptait gêner le projet macroniste de «trêve» olympique forcée. En balayant cette candidature, le Président a fait preuve d’un mépris indigne du moment.
Lucie Castets, dont les compétences sont reconnues, a d’une certaine manière un profil difficile à écarter d’un revers de main par le chef de l’Etat. (Denis Allard/Libération)
publié le 23 juillet 2024 à 21h20

Il faut parfois en politique se méfier des surprises. Des noms sortis de nulle part ou presque. Le Nouveau Front populaire a proposé à Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets à Matignon, et c’est peu dire qu’il s’agit d’une surprise tant celle-ci est inconnue, et pas seulement du grand public. Haute fonctionnaire à la mairie de Paris, spécialiste des services publics mais aussi de la lutte contre l’évasion fiscale, Lucie Castets n’est ni une vraie politique, ni vraiment une personnalité de la société civile, mais une sorte de profil hybride, une énarque forcément un peu techno mais engagée à gauche. Sa seule heure de gloire jusqu’à hier était d’avoir croisé le fer contre le recours abusif par la macronie au cabinet McKinsey lors d’une émission télé face à Stanislas Guerini. Tout un symbole. Cela ne suffit évidemment pas à l’imaginer aisément cornaquer l’attelage plus que turbulent du NFP, encore moins s’imposer facilement dans une cohabitation avec Emmanuel Macron.

En dévoilant son nom une heure avant l’intervention télévisée du Président, l’objectif de la gauche était clairement d’embarrasser l’Elysée, et de ne pas le laisser dérouler tranquillement son argumentaire sur la «trêve politique» à trois jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques. Certains se plairont à dénoncer le coup de com de la gauche. Peut-être… Mais avec ce casting surprise, la gauche réussit à la fois à dire non à la trêve, à ne pas laisser Emmanuel Macron maître du jeu, sans être pour autant dans une déclaration de guerre.

Lucie Castets, dont les compétences sont reconnues, a d’une certaine manière un profil difficile à écarter d’un revers de main par le chef de l’Etat. C’est pourtant ce que le Président a fait lors de son intervention télévisée. Qu’il renvoie sa décision de nommer un Premier ministre après les Jeux n’aura surpris personne. Cela s’entend. Mais le mépris affiché à l’option de Lucie Castets n’est en tout cas pas «à la hauteur». Emmanuel Macron a demandé aux partis politiques de l’être. Dommage qu’il ne le soit pas lui-même.