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Libération
L'édito de Dov Alfon

Lundi noir des Bourses : Donald Trump, maladie infantile du populisme

Alors que les marchés dévissent, le président américain reste arc-bouté sur ses hausses spectaculaires des droits de douane. Une intransigeance qui rappelle le caprice d’un enfant inconscient de la portée de ses gestes.
A la Bourse de New York, le 3 avril 2025. (Seth Wenig/AP)
publié le 7 avril 2025 à 21h27

D’après les travaux de Jean Piaget, l’enfant commence à comprendre le lien entre son action et l’effet produit à l’âge de six mois, secouant par exemple son hochet encore et encore pour en reproduire le son. Tenues en otage par un président américain à la personnalité infantile, les bourses ont été secouées ce lundi 7 avril par ses déclarations intempestives, de Séoul à Wall Street, de Tokyo à Londres. Le CAC-40 a dégringolé comme les autres, chutant de 4,78 %, sa pire séance depuis mars 2022. Le carnage de ces trois derniers jours sur les différents marchés aurait effacé 9 500 milliards de dollars de valeur boursière d’après l’agence Reuters, et on est loin d’avoir touché le fond.

Après un week-end passé à jouer au golf, Donald Trump s’est montré inflexible, bluffant sur des «négociations» avec certains alliés, vite démenties par ses conseillers, faisant de la surenchère contre la Chine, appelant les Américains à «tenir bon» et à ne pas vendre leurs avoirs financiers. Mais 90 % des actions en bourse appartiennent à 10 % des investisseurs, et ceux-là risquent d’avoir besoin d’argent liquide pour rembourser des clients plus inquiets – ou plus lucides – que les autres. On atteindrait dans ce cas la dynamique tant redoutée du krash de 2008, voire de 1929.

Alors, qui pourrait enrayer la chute ? La solution la plus simple serait pour la Maison Blanche d’annoncer le retrait pur et simple des droits de douane annoncés, ou tout au moins un gel temporaire des annonces les plus critiques ou des plus loufoques. Mais Trump a déjà déclaré qu’il n’en était pas question. Certains optimistes incorrigibles paraissent espérer une baisse des taux d’intérêt de la Banque fédérale, plus improbable encore.

Il ne reste que l’attente. Selon Piaget, l’enfant peut soudain comprendre les règles si elles sont accompagnées d’exemples concrets. Or la récession menace, et les projections de faillites ne devraient plus tarder. Les exemples concrets, hélas, ne vont pas manquer, aux Etats-Unis comme ailleurs.