L’inquiétude à travers la planète est immense, mais le pire n’est pas encore sûr. Le pire ? Ce serait 6,3 millions de morts du sida en plus dans le monde d’ici quatre ans, des contaminations au VIH qui repartiraient partout à la hausse, et l’espoir de décréter d’ici cinq ans, dix maximum, la fin de l’épidémie, remisé au placard. Car oui, chercheurs ou spécialistes l’assurent, cet objectif était bel et bien à portée d’années, essentiellement d’ailleurs grâce aux Etats-Unis et à leurs investissements massifs depuis une vingtaine d’années. Les Américains sont de fait et de très loin le premier contributeur mondial dans la lutte contre le sida.
Ils sont, ou ils étaient le premier contributeur ? C’est la question que tout le monde se pose depuis janvier. Car malheureusement, si le pire évoqué advenait, les Etats-Unis en seraient là encore à l’origine. Ou plutôt Donald Trump. A peine nommé, le président américain a en effet signé ce décret condamnant les financements de l’aide internationale fournie par Washington via l’USaid. L’exemption temporaire du gel des aides pour les programmes liés aux traitements de la maladie a certes soulagé beaucoup de monde, mais couper le robinet financier des programmes de prévention ou d’accompagnement social des malades produit d’ores et déjà des effets désastreux, notamment dans de nombreux pays d’Afrique.
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Il y a donc urgence à se mobiliser pour convaincre Donald Trump de suspendre définitivement l’application de ce décret. Il est frappant de constater que les protestations internationales se sont fait entendre très vite, très fort après les annonces de la Maison Blanche sur les droits de douane. Et tant mieux. Sur cette question de l’assèchement de l’aide américaine à l’international et donc de la lutte contre le sida, la pression a été plus faible. Il faut donc sonner le tocsin. Encore une fois, des millions de vies sont en jeu. Dans des pays que le locataire de la Maison Blanche est incapable de placer sur une carte, comme l’Eswatini (ex-Swaziland) où Libération est allé en reportage. Mais dans son propre pays aussi.