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Libération
L'édito de Paul Quinio

Dans l’impasse, Macron renomme Lecornu, la France entraînée dans la crise

Après une réunion de la dernière chance qui devait éviter une dissolution, les responsables politiques n’ont pu que constater la voie sans issue dans laquelle s’est mis le chef de l’Etat : il a renommé le Premier ministre démissionnaire.

Emmanuel Macron à Sarrebruck, en Allemagne, le 3 octobre 2025. (Heiko Becker/Reuters)
ParPaul Quinio
Directeur délégué de la rédaction
Publié le 10/10/2025 à 21h39, mis à jour le 10/10/2025 à 22h27

Il avait donc vu juste. «La réunion de 14 h 30 à l’Elysée ne devrait rien arranger», pronostiquait un ancien cadre socialiste une heure avant que les chefs de partis, LFI et RN exceptés, ne répondent à l’invitation d’Emmanuel Macron. C’était effectivement le sentiment qui dominait dans les heures qui ont suivi ce conclave baroque autour du chef de l’Etat : la réunion de la dernière chance s’était en réalité transformée en un rendez-vous de plus vers un grand délitement.

La nomination du Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, y changera-t-elle quelque chose ? Rien n’est moins sûr. Car que s’est-il finalement passé dans le huis clos de l’Elysée ? Le socle commun a continué de se désagréger, avec comme seul point d’unanimité le choix de rester silencieux en sortant. Bizarrement, le chef de l’Etat semble s’être accroché à ce radeau en perdition comme à une bouée de sauvetage, ne voyant pas le patron de LR, Bruno Retailleau, lui taper dessus avec sa rame.

Isolement et impuissance

Face à ce spectacle et devant un Emmanuel Macron qui n’a lâché, sur le fond, aucun signe en leur direction, les ténors socialistes, communistes et écologistes, leur esprit de responsabilité en bandoulière, n’avaient plus qu’à constater l’impasse. Le bilan ? Alors que l’objectif de la convocation élyséenne était soi-disant d’éviter à tout prix une prochaine dissolution, tout indique le contraire. Et l’incapacité du chef de l’Etat à nommer un Premier ministre dans le temps qu’il s’était lui-même donné tend à démontrer que tout a déraillé ce vendredi après-midi.

La France s’enfonce dans la crise. L’adoption d’un budget ressemble de plus en plus à un mirage. Ses voisins européens la regardent avec des yeux désespérés ou moqueurs. Emmanuel Macron s’abîme chaque jour un peu plus dans l’isolement et l’impuissance. Il entraîne avec lui le pays dans une crise extrême. Marine Le Pen et Jordan Bardella avaient sans aucun doute vendredi soir plus que jamais le sourire.

Mise à jour à 22h25 après l’annonce par l’Elysée de la renomination de Sébastien Lecornu à Matignon