Un duo qui n’est pas encore un duel, mais qui danse quand même un drôle de tango. Ainsi vont Marine Le Pen, leader emblématique du Rassemblement national, empêchée pour l’instant par la justice de se présenter à la prochaine présidentielle (elle a fait appel), et Jordan Bardella, président du parti d’extrême droite, remplaçant potentiel voire officieux de sa patronne à l’élection suprême. Depuis le jugement dans l’affaire de détournement de fonds européen, ces deux-là ont bien du mal à synchroniser leurs pas. Marine Le Pen, pas préparée à encaisser la sentence de son inéligibilité, par ailleurs affectée par la mort de son père, est manifestement atteinte. D’une discrétion qui ressemble fort à une grosse panne. Un jour combative, forcément candidate malgré cette épée de Damoclès judiciaire. Le lendemain, hantée par le risque d’être celle qui, par son obstination, ferait perdre son camp : et si, finalement, il fallait que ce soit lui…
Lui jure évidemment ses grands dieux avoir pour seule ambition de servir la destinée de Marine Le Pen, déjà triple candidate, portée par des troupes fidèles, héroïne naturelle d’une extrême droite qui, comme jamais, se voit à l’Elysée en 2027. Avec malheureusement, à en croire les études d’opinion, quelques bonnes raisons. Mais derrière cette façade, force est de constater que Jordan Bardella, avec son profil lisse de gendre idéal et libéral, a les faveurs des influenceurs médiatiques – la bollosphère pour faire court – et économiques d’extrême droite. Peu importe pour eux que le président du RN n’ait pas de troupes dans l’appareil. Peu importe que, sur le fond, ses faiblesses crèvent l’écran malgré son assurance devant les caméras. Peu importe qu’il ait le cuir peu tanné par l’expérience. Jordan Bardella est leur poulain. Ils font tout pour le pousser au milieu de la piste de danse.