On avait connu en 2017 la place du Trocadéro sous une pluie battante, où François Fillon avait annoncé «tenir bon» dans sa campagne présidentielle malgré sa prochaine mise en examen dans un scandale d’assistants parlementaires, citant Albert Camus. Et on a connu ce dimanche 6 avril la place Vauban sous un soleil resplendissant, où Marine Le Pen a prononcé à peu près le même discours, remplaçant Camus par Martin Luther King. Avec le même résultat ?
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Car il y avait ce dimanche à Paris comme un air de lancement de campagne présidentielle, une drôle de campagne d’ailleurs, entre le Président qui ne peut plus se représenter et sa concurrente favorite à qui la justice l’interdit, du moins en première instance. Place aux jeunes, donc ! Par un heureux hasard du calendrier, Gabriel Attal tenait un meeting en parallèle du fiasco de celui du RN, défendant la justice et ses ambitions propres : «Mes amis, je vous propose qu’aujourd’hui soit le premier jour d’un nouveau temps politique. Un temps politique qui nous conduira jusqu’en 2027.» Que se passe-t-il déjà en 2027 ?
Drôle de campagne
Place Vauban, Jordan Bardella semblait le savoir. Un sondage Elabe pour BFMTV et la Tribune dimanche, publié le matin même, annonçait des intentions de vote quasi identiques pour lui et pour sa patronne en tête du RN. Kif-kif bourricot, aurait dit le fondateur. Drôle de campagne décidément, puisque la manifestation monstre promise contre «l’injustice» du jugement d’inéligibilité de Marine Le Pen a réuni en fin de compte bien moins de monde que celle après la même décision à l’encontre de Jean-Marie Le Pen en 1998, moins que les 8 000 personnes attendues d’après les estimations du préfet, et moins que les sympathisants Renaissance venus entendre le discours d’Attal. Tout ça pour ça ! «Il faut tenir pour maxime de ne jamais exposer son monde mal à propos et sans grande raison», avait pourtant prévenu en 1704 Vauban lui-même, le génie du changement de tactique à la française.