Menu
Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Mayotte : s’il veut rassurer les Mahorais, François Bayrou a intérêt à arriver avec du concret

Cyclone Chidodossier
Deux semaines après le passage du cyclone Chido, le Premier ministre, accompagné de Valls et Borne, entre autres, débarque ce lundi 30 décembre sur l’archipel dévasté où les habitants attendent des solutions sans se faire d’illusions.
Des habitants déblaient et récupèrent des plaques de tôle, à Tsountsou (Mayotte) le 26 décembre 2024. (Patrick Meinhardt/AFP)
publié le 29 décembre 2024 à 19h45

Il a mis le temps pour se rendre à Mayotte mais, une fois décidé, il a mis le paquet pour étoffer sa délégation. Le nouveau chef du gouvernement arrive ce lundi 30 décembre sur l’archipel avec les ministres de la Santé, du Logement et de la Francophonie et surtout avec deux anciens Premiers ministres, Manuel Valls (Outre-Mer) et Elisabeth Borne (Education nationale) qui, il y a un an encore, occupait Matignon et revenait tout juste de Mayotte, où elle venait de promettre monts et merveilles. Cela suffira-t-il à faire oublier que, au surlendemain du passage dévastateur du cyclone Chido sur l’archipel de l’océan Indien, François Bayrou a préféré se rendre à Pau, la ville dont il est le maire, plutôt qu’à Mayotte où la population du département le plus pauvre de France se trouvait privée d’eau, de nourriture et d’électricité ? Et que, non content d’avoir donné la priorité à son conseil municipal, l’élu du Béarn a annoncé la composition de son gouvernement le jour même du deuil national décrété en solidarité avec les sinistrés ?

Les Mahorais le diront, mais une chose est sûre : s’il veut les rassurer, François Bayrou a intérêt à arriver avec du concret. Car sur place, les conditions de vie continuent à être terriblement difficiles quinze jours après la catastrophe. Et la visite d’Emmanuel Macron, le 19 décembre, n’y aura rien changé. Les Mahorais en ont soupé des visites et des annonces sans suite. Malgré la mise en place de ponts aériens et maritimes depuis la Réunion, de très nombreux habitants manquent toujours de vivres, d’eau et de moyens, même rudimentaires, pour remonter leur toit, surtout dans les endroits isolés – et il y en a beaucoup. Avant le passage du cyclone, le manque d’eau constituait déjà un vrai problème sanitaire, au point de provoquer une épidémie de choléra, heureusement vite enrayée, alors on imagine aujourd’hui l’état des canalisations alors que tout est sans dessus dessous. Bref, si des initiatives ont été prises, elles ne sont pas suffisantes, il reste beaucoup à faire. Et surtout beaucoup d’attentes.