Que donnerait le «système» mis en place par Jean-Luc Mélenchon et sa garde rapprochée au sein de La France insoumise, décrit par le menu dans le livre enquête la Meute (à paraître mercredi 7 mai chez Flammarion), si le leader insoumis arrivait au pouvoir en 2027 ? C’est la question qui s’est imposée à nous en refermant l’ouvrage de Charlotte Belaïch, journaliste chargée du suivi de la gauche à Libération, et d’Olivier Pérou, du journal le Monde.
La Meute raconte comment l’ancien ministre de Lionel Jospin a verrouillé de l’intérieur le mouvement qu’il a fondé. Le grand public a pu, au fil des années et de certains événements qui ont marqué la vie interne du mouvement insoumis, être informé des accès de violence de Jean-Luc Mélenchon, de son goût pour les purges, de son peu de goût à l’inverse pour la démocratie interne et les débats collectifs sur la stratégie à suivre. Mais le livre de nos confrères démontre, en s’appuyant sur d’innombrables exemples et témoignages de proches, anciens ou actuels, de militants, anciens ou actuels, qu’il ne s’agit pas de faits isolés qui peuvent s’expliquer par la violence du combat politique ou par les rivalités qui sévissent dans tous les partis. Non, il s’agit bien d’un mode de fonctionnement assumé, où celui qui émet un désaccord avec le chef est du jour au lendemain blacklisté, sorti des boucles de discussion, privé d’une investiture, écarté d’une fonction dans l’appareil. Ainsi va la vie à LFI, organisation tout entière dédiée au culte du patron, où aucune tête ne doit dépasser, aucun désaccord n’est toléré.
Enquête
Ce système, où la fin justifie tous les moyens, a évidemment des avantages. Les bons résultats électoraux sont là pour le dire. La force d’attraction de La France insoumise, portée par l’indéniable talent de Jean-Luc Mélenchon, aussi. Est-il, ce mode de fonctionnement autocratique, en train de prouver ses limites ? Les secousses qui ont accompagné la mauvaise gestion de l’affaire Quatennens, les revirements mélenchonistes sur la laïcité, ses ambiguïtés poutiniennes, l’instrumentalisation à des fins électorales du conflit israélo-palestinien, ses dénégations de la percée de l‘antisémitisme en France pourraient le laisser penser. Mais la Meute décrit aussi un système qui sait parfaitement se régénérer sans jamais dévier de son objectif unique : le graal présidentiel. D’où la question que le lecteur de la Meute devrait aussi se poser pour comprendre les craintes qu’inspire le leader insoumis dans une partie de l’électorat, y compris de gauche : mais que donneraient de telles pratiques si Mélenchon entrait à l’Elysée ?