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Libération
L'édito d'Hamdam Mostafavi

#MeToo Police : l’heure est à la prise de conscience et à l’action

Les témoignages éprouvants que Libération a recueillis le montrent : les policiers et gendarmes qui profitent de leur statut pour commettre des violences sexuelles le font dans le cadre d’un système, qu’il faut désormais démanteler.
Armandina Bakutu Pena et Joanna N. ont été toutes deux victimes de violences sexuelles par des policiers. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 17 juin 2025 à 20h41

Deux fois victimes. Les femmes qui ont parlé à Libération lors de l’enquête que nous publions aujourd’hui sont souvent des plaignantes pour des violences conjugales, parfois sans-papiers, en difficulté sociale. Dans des situations qui font que pousser la porte du commissariat ou de la gendarmerie demande un effort majeur. Et c’est là, dans ces lieux censés les protéger, que ces femmes ont subi des agressions par un représentant de la force publique.

Toutes racontent des histoires similaires, un schéma qui se reproduit : la faiblesse d’une victime exploitée par un représentant des forces de l’ordre. Toutes font évidemment état de leur sidération, d’une confiance irrémédiablement brisée dans les institutions républicaines. Car quand la loi fait défaut, vers qui se tourner ? Ces comportements hors la loi commis à l’abri de l’uniforme sont suffisamment systémiques au sein de l’institution pour ne pas les ramener à de simples incidents isolés.

Le parcours des agents mis en cause interroge : souvent, leurs antécédents «problématiques» étaient connus, que ce soit dans leur vie privée ou dans leurs comportements avec leurs collègues et des plaignantes. Dans des institutions qui restent encore trop masculines, entretenant une culture de l’impunité, la remise en question reste faible, voire inexistante. La sensibilisation aux féminicides et la formation des agents ont sans doute amélioré les choses. Mais de manière clairement insuffisante. L’heure est à la prise de conscience, et à l’action. Là où la police a fait défaut, c’est aujourd’hui à la justice de remettre de l’ordre. Ces cas nous rappellent surtout, puisque ces violences contre les femmes s’exercent à l’abri de lieux censés les protéger, que ce fléau est malheureusement enraciné dans la société.