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Libération
L'édito de Paul Quinio

Meurtre d’une surveillante de collège en Haute-Marne : la sidération

La mort d’une assistante d’éducation dans un établissement de Nogent, tuée à coups de couteau mardi 10 juin au matin par un collégien de 14 ans, relance la réflexion sur les violences en milieu scolaire. Sujet bien trop complexe pour y plaquer un discours sécuritaire.
Devant le collège Françoise Dolto, à Nogent, ce mardi. (Corentin Fohlen/Libération)
publié le 10 juin 2025 à 21h02

Voilà des mots que l’on aimerait ne jamais voir accolés les uns aux autres. Mort. Enseignant. Collège. Coup de couteau. Les associer nous a parfois mis dans une colère froide, lorsqu’il s’agissait d’attentats islamistes. Le plus souvent, parfois simultanément, cela nous a plongés dans une tristesse infinie, tant l’école ne devrait jamais rimer avec la mort. Après celle, ce mardi 10 juin au matin, tôt, d’une surveillante de 31 ans poignardée par un collégien à proximité d’un établissement de Haute-Marne où elle travaillait, la tristesse est là. Forcément. Mais elle cohabite avec une abyssale perplexité. Bahut a priori sans histoire. L’élève gardé à vue, âgé de 14 ans, au profil sans histoire. Est-ce cette perplexité qui a permis que la séance des questions au gouvernement, malgré la tentative de récupération du RN, se déroule dans le calme ? C’est possible… C’était en tout cas bienvenu, tant ce type de drame ne peut se satisfaire de réponses simplistes ou de surenchères sécuritaires pavloviennes.

Croisement des mailles éducatives et sécuritaires

La décence oblige a minima à attendre les premières conclusions des enquêteurs. On devrait en savoir plus ce mercredi. C’est d’autant plus nécessaire que la surveillante a été agressée alors que des gendarmes se trouvaient à quelques mètres d’elle, lors d’une opération «inopinée de fouilles de sac», dispositif récemment mis en place par Bruno Retailleau et Elisabeth Borne. C’était après la mort d’un adolescent à proximité d’un lycée de l’Essonne.

Cette présence des forces de l’ordre au moment des faits n’invalide évidemment en rien la nécessaire réflexion sur les mesures de sécurité à prendre pour éviter que d’autres drames du même ordre se produisent. La prolifération des armes blanches, par exemple, est évidemment une question qu’il faut traiter. Mais la mort de la surveillante du collège Françoise-Dolto de Nogent démontre aussi que ce sujet de la violence en milieu scolaire est trop complexe pour y plaquer un discours de prêt-à-penser sécuritaire. Et que c’est dans le croisement des mailles éducatives et sécuritaires que se niche la bonne réponse.