En apparence, il ne s’agit que d’élections de mi-mandat, affaire entendue où le président en exercice se voit traditionnellement signifier ses limites par un vote en faveur de l’opposition. Mais l’Amérique est aujourd’hui bien loin de ses traditions démocratiques, et ce qu’elle est en train de vivre ressemble plutôt à une guerre civile en slow motion. La majorité des candidats républicains affirment être persuadés que Joe Biden a volé sa victoire à l’élection présidentielle et certains cultivent une ambiguïté inquiétante quant à leur réaction à une possible défaite de leur camp face aux démocrates.
Depuis l’attaque à main armée contre le Capitole, le 6 janvier 2021, de militants trumpistes refusant le verdict des urnes, Donald Trump a continué de verser de l’huile sur le feu antidémocratique qui ravage les Etats-Unis. Le but est avant tout de prendre une revanche sur sa défaite en faisant gagner dans ces midterms les nombreux candidats républicains qui lui sont fidèles.
Ce mardi, il s’agit pour les électeurs de renouveler l’ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants et un tiers des sièges du Sénat, d’élire 36 gouverneurs et de désigner une foule de maires, législateurs locaux, juges, procureurs et membres de conseils électoraux ou scolaires. Ayant bien appris la leçon de leur maître, nombre de ces candidats proposent un choix entre l’Amérique et la démocratie, qui dans leurs bouches fait figure de régime antipatriotique menaçant leurs valeurs.
Nos journalistes sur place, de l’Arizona au Michigan, ont pu constater l’ampleur de cette fracture. Ce n’est pas tant le parti présidentiel, ni son bilan économique et législatif, que la démocratie elle-même qui se trouve en jugement. Si les républicains doivent remporter plusieurs victoires importantes, dont une majorité confortable au Congrès, c’est paradoxalement les scrutins qu’ils n’arriveront pas à gagner cette nuit qui seront les grands révélateurs de l’avenir du pays.