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Libération
L'édito de Lauren Provost

Monoparentalité : le gouvernement doit agir, une famille sur quatre en dépend

Dans 25% des foyers français, un seul parent a la charge des enfants (la mère dans la très grande majorité des cas), et leur situation s’est fortement dégradée ces dernières années. Il est urgent pour le gouvernement d’agir en leur faveur.
Sandrine, mère célibataire, à Montreuil le 11 janvier. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 13 mars 2024 à 20h52

Il est vertigineux de se dire que 2024 peut être une année de bascule pour une famille sur quatre en France. Ces familles, ce sont les familles monoparentales. Et, disons-le clairement, les mères isolées, puisqu’elles représentent 82 % de ces foyers. Il y a cinq ans, elles déboulaient dans l’espace médiatique et politique en s’installant sur les barrages de gilets jaunes. On se souvient notamment que l’une des figures du mouvement était Ingrid Levavasseur, qui élevait seule ses deux enfants. Emmanuel Macron louait alors les «mères courages». Et l’opinion publique prenait conscience de la place de ces familles dans la société française (23 % des foyers à l’époque, 25 % aujourd’hui, contre 12 % en 1990), de leur grande vulnérabilité (41 % des mineurs résidant au sein de familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté, contre 21 % pour l’ensemble des enfants) et de l’absence criante d’aides spécifiques permettant d’améliorer leur quotidien. Depuis ? La situation s’est dégradée. La précarité de ces familles (2 millions de personnes et près de 3 millions d’enfants) s’est creusée, notamment en raison du choc inflationniste et de la crise alimentaire qui en découle. L’invisibilisation de ces femmes a continué, jusqu’à ce qu’on se souvienne d’elles pour leur reprocher de ne pas «tenir» leurs enfants lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel Merzouk en juin 2023.

Mais c’est justement parce que les crises actuelles les atteignent de plein fouet que quelque chose se joue, à l’heure où vous lisez ces lignes, pour ces mères et leurs enfants. Cela n’a pas échappé au gouvernement, qui surveille cette bombe sociale et féministe en lui faisant un tout petit peu de place dans ses discours, et notamment la déclaration de politique générale de Gabriel Attal, lui-même élevé par une mère seule. Ce dernier a missionné la députée Fanta Berete et le sénateur Xavier Iacovelli pour esquisser des propositions concrètes. Leurs conclusions sont attendues pour juillet au plus tard. Mais, surtout, arrive à l’Assemblée une proposition de loi pour «lutter contre la précarité» de ces familles. Ecrit par un groupe transpartisan mené par la gauche, ce texte, s’il était adopté, pourrait considérablement améliorer leur existence : il propose un statut spécifique pour ces familles, duquel découlerait un ensemble de droits, de priorisations (logement, modes de garde) et de tarifications adaptées. Du concret pour un quart des familles françaises qui sortirait au moins de l’oubli, et espérons-le, de la détresse.