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Libération
L'édito de Paul Quinio

Mort de Nahel : l’urgent besoin de réformer la police

Mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterredossier
Sauf à se satisfaire de voir se creuser le fossé entre les policiers et une partie de la population, nier le malaise qui sévit au sein des forces de l’ordre serait la pire des choses. Le temps presse.
A Marseille, ce samedi 1er juillet. (Clément Mahoudeau/AFP)
publié le 3 juillet 2023 à 20h45

Ne pas agir sous la pression. Comme souvent. Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il voulait prendre le temps d’analyser les événements dramatiques qui secouent la France depuis une semaine avant d’en tirer des conclusions et d’impulser des inflexions politiques. Pourquoi pas ? Le sujet par exemple de la politique de la ville, avec ses milliards consacrés aux banlieues depuis des années, mérite une analyse fine avant de conclure que les émeutes qui ont suivi la mort tragique de Nahel traduisent un échec complet en la matière.

En revanche, un sujet mérite un discours politique fort de réforme, voire de refonte, tant l’institution dysfonctionne : la police. Sauf à se satisfaire de voir se creuser le fossé entre les policiers et une grande partie de la population, et en premier lieu la jeunesse, il y a urgence à s’atteler à ce chantier complexe mais vital. Ne rien faire, laisser penser que tout va bien, s’abriter derrière la violence évidemment condamnable des émeutiers pour conforter une institution dans ses dérives ou nier le malaise qui sévit en son sein serait la pire des choses. Le pays a besoin d’une police qui appuie son projet républicain, y compris dans sa dimension répressive, mais pas uniquement dans sa dimension répressive.

C’est pourtant la seule musique que l’on entend depuis vingt ans. Le racisme qui la gangrène est une plaie contre laquelle il faut agir. Les conditions dans lesquelles les policiers sont formés sont déficientes. La cogestion avec les syndicats dans l’éducation nationale était peut-être critiquable : c’est aujourd’hui pire dans la police. Les instances de contrôle doivent gagner en indépendance. Les conditions de travail des policiers, souvent désastreuses, doivent être améliorées. Leurs locaux, même si des efforts ont été entrepris, restent souvent indignes. Bref, les chantiers ne manquent pas. Ils prendront du temps. Mais dans peu de temps, il sera trop tard.