Tout à sa sensation d’impunité et de toute-puissance, Benyamin Nétanyahou était convaincu que les Iraniens ne riposteraient pas à l’élimination, vendredi 27 septembre, de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, leur plus important relais et soutien au Liban. Et, bizarrement, les leaders occidentaux avaient la même analyse. Après tout, l’Iran n’avait déjà pas réagi à l’élimination en juillet, par une frappe israélienne, du chef politique du Hamas Ismaïl Haniyeh. Preuve que Téhéran préférait éviter de mettre en danger ses sites nucléaires en provoquant à son tour Israël. Mais pour les mollahs, l’humiliation était trop grande. Ne pas riposter revenait à abdiquer devant la puissance israélienne, eux qui sont déjà accusés dans le monde chiite d’avoir abandonné le Hezbollah. Et tant pis si cela devait provoquer en représailles des bombardements israéliens sur les installations qui préparent l’accès de Téhéran à la bombe. D’où la décision de l’ayatollah Khamenei de lancer, mardi, une pluie de missiles sur Israël. Dont la plupart ont été interceptés par l’Etat hébreu et ses alliés, américains mais aussi jordaniens.
Engrenage fou
La réponse de Tsahal n’a évidemment pas traîné : «Ce qui s’est passé va obliger Israël à réagir.» Et c’est ainsi que, entraînée dans un engrenage fou par des leaders inconséquents, la région court à la guerre totale, une guerre qui pourrait bien devenir mondiale si tous ces dirigeants ne revenaient pas très vite à la raison, acceptant de mettre leur hubris de côté. Depuis de longues semaines, les dirigeants américains, parrains d’Israël, mettent en garde Benyamin Nétanyahou contre sa fuite en avant militaire. Ils avaient même lancé – avec la France notamment – des négociations pour un cessez-le-feu à Gaza mais aussi au Liban. En vain. Après des bombardements intenses, Tsahal a entrepris depuis mardi des incursions commando dans le Sud-Liban pour achever de détruire les installations du Hezbollah qui menacent le nord d’Israël. Netanyahou n’entend plus rien ni personne. Et peu importe que Biden soit humilié, cela favorisera son ami Trump. A quelques jours des commémorations de l’attaque terroriste du 7 Octobre, il veut restaurer son image aux yeux des Israéliens et établir par la même occasion un «ordre nouveau» (nom donné par Tsahal à l’opération au Liban) dans la région. Un ordre purement militaire. Sans aucune vision à long terme.