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Libération
Edito

Nasser al-Khelaïfi, le Qatar et les clés USB: l’homme qui en savait trop

L’incroyable enquête que «Libération» publie révèle les sévices subis par Tayeb B., détenteur de documents potentiellement explosifs pour le patron du PSG.
Nasser al-Khelaïfi en 2017. (Nicolas Messyasz/Hans Lucas)
publié le 28 septembre 2022 à 20h44

Il était 19h24 et le message était clair et laconique : «Ils veulent la clé ce soir.» Son auteur est l’un des grands avocats de Paris, Olivier Pardo, conseil entre autres d’Eric Zemmour, et la clé en question est une clé USB comportant des documents explosifs pouvant embarrasser l’une des organisations les plus puissantes de France, sinon du monde. L’incroyable enquête que nous publions aujourd’hui raconte l’histoire de Tayeb B., l’homme qui en savait trop. Né il y a quarante-et-un ans à Gennevilliers, cet entrepreneur franco-algérien gravite auprès de membres du grand parti de droite, Les Républicains, et se fait présenter à Nasser al-Khelaïfi, patron tout-puissant du club du Paris Saint-Germain et ami personnel de l’émir du Qatar. Les propositions alléchantes qui lui seront faites par le pouvoir qatari vont le mener à Doha, avec femme et enfants.

Mais soudain, tout bascule. Interpellé près de son domicile qatari par des agents qui se présentent comme membres des forces de sécurité, il raconte comment il a été martyrisé pendant des jours et incarcéré pendant des mois. Une seule explication lui est donnée : «sur ordre de l’émir». Il pense, lui, que la vraie raison sont les clés USB et les documents contenant les secrets de Nasser al-Khelaïfi. Que contiennent-ils, ces documents ? Potentiellement des preuves d’actions corruptives dans l’attribution controversée du Mondial 2022, des faits de travail dissimulé, des témoignages ayant trait à la vie privée du président du PSG dans la capitale française. Olivier Pardo les a remises en mains propres au cabinet de Francis Szpiner et de Renaud Semerdjian, avocats français du patron du PSG. Pouvaient-ils ignorer les conditions dans lesquelles ces clés USB avaient été obtenues ? A deux mois de la Coupe du monde de football, Libération dévoile aujourd’hui une affaire que seule la justice française pourrait démêler.