La somnolence qu’inspiraient jusqu’à maintenant les débats de la COP 26 a été sérieusement ébranlée jeudi, avec la publication d’une étude démontrant que les émissions mondiales de CO2, principal gaz à effet de serre, devraient rebondir de 4,9 % cette année, introduisant une urgence que beaucoup auraient voulu atténuer. L’idée séduisante selon laquelle les entreprises les plus polluantes de la Terre allaient volontairement sauver l’humanité du désastre qu’elles ont aidé à créer apparaît maintenant comme une chimère. Oui, on peut très bien les encourager à planter des arbres, pourquoi pas ? Mais cela ne suffira pas, même les plus ardents soutiens du charbon commencent à en convenir.
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Pour pouvoir atteindre la neutralité carbone, et donc la fin du réchauffement climatique, ce sont les Etats qui vont devoir réguler les émissions de leurs entreprises, sur leurs territoires comme à l’étranger. Un accord peut sembler compliqué à atteindre, mais il est tout à fait possible, comme l’a déjà prouvé la ratification de traités internationaux qui semblaient utopiques, de la première Convention de Genève (1949) à l’accord de Paris sur le climat (2015), en passant par la première Convention de Vienne (1961) et le Protocole de Montréal (1987). Il est nécessaire de s’y engager : réguler la compensation accordée à des pays et entreprises selon un barème qui tient aujourd’hui plus de la fantaisie que de la science, maintenir le cap sur la fin du charbon, accélérer le passage du pétrole aux énergies moins polluantes, investir dans des technologies pouvant absorber le trop-plein de carbone qui restera dans l’air des années après que le cap de la neutralité carbone sera atteint. Les engagements des pays riches pour assurer ces transitions dans les pays pauvres sont un bon début, mais encore loin de suffire. Car il n’y a pas de solution assurée au problème gigantesque que nous avons nous-mêmes créé : il nous faut donc les essayer toutes, et à toute vitesse.