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Libération
L'éditorial d'Alexandra Schwartzbrod

«No Kings» : le réveil de l’autre Amérique

Face à un président qui réprime l’opposition et distille la peur, les citoyens américains se mobilisent. Une façon de pallier l’impuissance des démocrates. Samedi, la rue sera le baromètre de cette résistance.

(Getty Images/Anadolu. AFP)
Publié le 17/10/2025 à 20h38

Voilà des mois que de nombreux citoyens du monde attendaient ça. Un réveil de l’opposition à Donald Trump et ses sbires. Un sursaut face aux mesures de plus en plus autoritaires appliquées sans coup férir par le président des Etats-Unis.

C’est en effet le mystère qui sidère la planète : où sont passés les démocrates depuis janvier ? Certes, ils ont poussé l’administration au shutdown pour sauver la sécurité sociale des plus pauvres mais ils restent incroyablement passifs quand Trump met à bas les principaux piliers de la démocratie, accueillant en grande pompe le dictateur Poutine en Alaska, menaçant de réprimer la «gauche radicale» ou les supposés «ennemis de l’intérieur», déployant la garde nationale dans plusieurs villes des Etats-Unis pour en expulser les migrants.

Une première mobilisation citoyenne avait fait descendre des millions d’Américains dans la rue le 18 juin et, depuis, la colère n’a fait que croître. Mais la peur aussi. Combien seront-ils ce samedi dans tout le pays à oser dénoncer un président qui tend à confondre ses intérêts avec ceux de l’Amérique et la trique avec les tables de la loi ? Des millions encore prédisent les optimistes.

Ce mouvement de résistance citoyen, baptisé «No kings» (pas de rois) a été initié par de nombreux collectifs militants et, parmi eux, le mouvement Indivisible né durant le premier mandat de Trump pour résister au milliardaire en s’inspirant des méthodes du très conservateur Tea Party. «La seule opposition qui reste, c’est le peuple», considèrent-ils, ce qui est à la fois rassurant sur la vigueur d’un contre-pouvoir au forcené de la Maison Blanche et inquiétant quand on sait que des «midterms» (élections de mi-mandat) vont se tenir dans quelques mois et que les élus démocrates semblent aux abonnés absents.

L’ampleur des manifestations, ce week-end, sera un bon test de la solidité du mouvement de résistance à un Trump qui négocie peut-être la paix au Proche-Orient mais menace son pays de guerre civile. Il risque en effet de tout faire pour que ses nervis poussent à la violence, même contre des manifestants armés de seuls masques de grenouille et autres animaux colorés.