La paix civile. C’est ce à quoi il faut aspirer pour éviter à tout prix d’autres drames alors que quatre personnes ont perdu la vie au milieu des incendies, pillages et échanges de tirs qui terrorisent les habitants de Nouvelle-Calédonie. Cette insurrection, née de l’examen du projet de loi constitutionnelle visant à ouvrir le droit de vote à toutes les personnes installées depuis dix ans sur le territoire, a échappé aux chefs indépendantistes opposés au texte. Et l’enchaînement des événements laisse craindre le pire, quarante ans après le début de la guerre civile qui avait conduit à la mort de dix-neuf Kanaks et six militaires lors de l’assaut sur la grotte d’Ouvéa, le 5 mai 1988.
Mardi, alors que la flambée de violences était déjà là, le gouvernement a fait le choix de ne rien lâcher face aux émeutiers. En maintenant l’examen du projet de loi constitutionnelle du ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin, et en le faisant voter à l’Assemblée avec le soutien de la droite et de l’extrême droite, le gouvernement a tenu tête. Résultat : les violences ont repris de plus belle mercredi, poussant Emmanuel Macron à déclarer l’état d’urgence. Quelques heures plus tard, un gendarme de 22 ans était tué par balles dans l’archipel qui compte 76 000 armes déclarées, (et potentiellement le double sous les radars) et où les habitants s’organisent en milices pour défendre leurs biens. «Ce territoire va basculer dans l’apocalypse», prévenait un peu plus tôt le Haut-Commissaire de la République, Louis Le Franc. Une prédiction qu’il faut déjouer. Mais le retour à l’ordre ne peut pas être la seule réponse de l’exécutif. La politique du bâton et l’obstination bleu-blanc-rouge ne feraient que renforcer la colère et le sentiment d’être recolonisés chez des émeutiers.
Les trois victoires des partisans du maintien de l’archipel dans la République lors des référendums d’autodétermination (dont le dernier, en 2021, a été boycotté par les indépendantistes), ne peuvent servir d’excuse à des choix à l’emporte-pièce qui font tout sauf chercher l’apaisement. En retirant de Matignon ce dossier où il était historiquement traité et en forçant le calendrier, l’exécutif n’a eu de cesse de tendre la situation dans l’archipel. Il est encore temps de reconnaître que cette voie est sans issue. Sinon sanglante.