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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Paix à Gaza : le rêve de Trump, le cauchemar de Nétanyahou et du Hamas

Ce n’est pas tant le sort des Palestiniens qui intéresse le président américain et les pays du Golfe que le climat des affaires qu’ils voient sérieusement pollué par cette tragédie.

Benyamin Nétanyahou et Donald Trump à la Maison Blanche, le 29 septembre. (Andrew Caballero-Reynolds/AFP)
Publié le 30/09/2025 à 20h32

Du jeu à trois voire quatre bandes qui se déroule cette semaine entre les Etats-Unis, Israël, le Hamas et les pays du Golfe, on peut tirer deux certitudes. Donald Trump a réellement envie de mettre un terme à l’anéantissement en cours de Gaza : ce n’est pas tant le sort des Palestiniens qui l’intéresse que le climat des affaires qu’il voit sérieusement pollué par cette tragédie. Et les pays du Golfe en ont plus qu’assez de la folie guerrière de Benyamin Nétanyahou : en bombardant le 9 septembre un immeuble de Doha, où se réunissaient des membres du Hamas, le Premier ministre israélien a franchi une ligne rouge, se mettant à dos non seulement le Qatar mais aussi la plupart des dirigeants arabes de la région qui, soudain, ont compris qu’Israël n’hésiterait plus à frapper où il le voudrait.

Et ce ne sont pas les excuses et les promesses offertes lundi à Doha par Nétanyahou, sous la contrainte de Donald Trump, qui changeront quoi que ce soit à l’affaire. La méfiance, désormais, est installée. Entre la détermination du président américain et celle des pays du Golfe, il existe donc une réelle fenêtre d’opportunité pour faire cesser le bombardement de Gaza.

Sauf que le Premier ministre israélien, on l’a vu dans les heures suivant la conférence de presse de lundi à la Maison Blanche, n’en a aucune envie. Trump lui a imposé ce plan alors qu’il rêve de «finir le travail» dans l’enclave, comme il l’a dit, conscient qu’un accord de paix ne servirait pas ses propres intérêts. Et le Hamas est dans le même état d’esprit : accepter le deal reviendrait pour lui à disparaître. L’incroyable imprécision du plan concocté par la Maison Blanche devrait permettre à l’un et aux autres de gagner du temps ou de jouer avec les mots, avant de reprendre les armes au premier prétexte venu. Et pendant que les dirigeants du monde devisent de leur sort et de leurs territoires sans même les associer, les Palestiniens continuent à être les cibles des colons et de l’armée israélienne.