Et si on se «réarmait» d’espoir (pour reprendre ce mot guerrier brandi au moins sept fois dimanche soir par Emmanuel Macron) ? Et si on envisageait ces Jeux olympiques à venir comme une fête et non une calamité ? Et si on se mettait à courir, grimper, sauter, danser, glisser, plonger pour nous mettre dans l’ambiance sept mois à l’avance ? Le monde est si sombre et il y a tant de combats à mener pour contrer ou stopper les fous furieux de tout poil que l’on peut bien, l’espace d’un instant, envisager que le pire n’est jamais sûr. Et que ces Jeux olympiques, finalement, arriveront pile au bon moment pour nous convaincre que les pays de ce monde ne sont pas seulement voués à se faire la guerre.
Certes, Paris ressemble toujours, par endroits, à un chantier à ciel ouvert ce qui ulcère nombre d’automobilistes. Mais, à bien y regarder, les ouvrages olympiques sont quasi prêts. La Solideo, l’entreprise qui en a la charge et qui a eu des sueurs froides quand les coûts de l’énergie et des matières premières ont commencé à grimper en flèche après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, se dit convaincue désormais de tenir les délais, sauf mini-exceptions. Et sans grossir la facture. Les seules inquiétudes, pour l’instant, sont à prévoir dans les transports, pour cause de Grand Paris Express inachevé en juillet. Au point que les Franciliens sont gentiment priés de télétravailler pendant les JO, ce qui risque d’en emballer certains mais d’en pénaliser d’autres. Et la sécurité reste un gros point d’angoisse, vu le climat géopolitique, même si les fêtes de fin d’année se sont déroulées sans problème majeur, même sur les Champs-Elysées où la foule était dense.
Reste à susciter le désir. Pour l’instant, il n’y est pas. Mais est-ce si surprenant alors que les images de guerre nous hantent, que l’inflation continue à plomber le quotidien de nombre de Français et que les pluies provoquent vague à l’âme et inondations ? C’est précisément cette noirceur qui pourrait soudain faire de ces JO tant décriés un parfait dérivatif. On y croit.