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Libération
L'édito de Dov Alfon

Pesticides, mégabassines, élevages géants : la macronie plombe l’écologie

Pour favoriser l’adoption d’une ­proposition de loi réclamée par la FNSEA, le camp présidentiel et Les Républicains s’apprêtent à empêcher les ­débats à l’Assemblée nationale.

En Vendée, en 2016. (Sébastien Champion/Naturimages)
ParDov Alfon
Directeur de la publication et de la rédaction
Publié le 25/05/2025 à 20h49

Vous reprendrez bien un peu de pesticides dans votre assiette ? L‘Assemblée nationale examinera ce lundi une proposition de loi visant à rétablir l’utilisation de l’acétamipride, insecticide toxique pour les humains et les abeilles, ajoutant pour bonne mesure – car l’appétit vient en mangeant – des articles favorisant la construction d’élevages géants, le recours aux mégabassines et d’autres aberrations. L’auteur du texte est le sénateur (LR) de Haute-Loire Laurent Duplomb, qui explique à Libé que contrairement à d’autres, lui ne fait «pas de politique». Ce qui est vrai, puisqu’il fait surtout du lobbying pour l’industrie agroalimentaire comme fer de lance de la FNSEA au parlement, seul recours aux yeux de nombreux agriculteurs menacés par une transition bien mal préparée.

Est-ce que les intérêts financiers des multinationales opaques du lait, des grands céréaliers et autres multimillionnaires du secteur doivent l’emporter sur la santé des Français et leur avenir ? Pas moins de 3 500 amendements ont été déposés contre cette proposition de loi, dont 1 500 par les seuls députés écologistes, pour qui ce texte est un recul inacceptable en termes de défense de la biodiversité et de promotion d’une agriculture plus durable. Les députés favorables au texte essaient donc de lancer une motion de rejet pour contourner ces garde-fous démocratiques, tuant à la fois le débat et les abeilles.

La responsabilité de ce recul incombe en grande partie à la Commission européenne, qui a reculé sur son Pacte vert bien avant la macronie, prétextant la crainte d’une victoire de l’extrême droite dans les différents scrutins nationaux en Europe pour détricoter son texte. L’agripopulisme, selon le terme consacré, a été stoppé dans pratiquement toutes ces élections depuis ; mais si ce texte était adopté aujourd’hui, la capitulation de la France dans la bataille pour la défense de l’environnement et des consommateurs risquerait de résonner partout bien plus longtemps.