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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Philippe Caubère accusé de violences sexuelles : un schéma qui en rappelle d’autres

Violences sexuellesdossier
Les faits abjects dont le comédien est accusé par deux femmes dans «Libération» font tristement écho aux affaires Depardieu et PPDA, tant dans le mode opératoire que dans l’emprise que ces hommes auraient exercée sur les plaignantes.
Agathe Pujol (à gauche) et Pauline Darcel (à droite) accusent Philippe Caubère de les avoir violées. (Cha Gonzalez/Liberation)
publié le 2 janvier 2025 à 19h59

La lecture des témoignages d’Agathe Pujol et de Pauline Darcel, qui accusent Philippe Caubère de violences sexuelles et d’emprise, est doublement édifiante. Elle est édifiante parce que les faits qu’ils dénoncent sont intolérables et abjects. Elle est édifiante parce qu’on y retrouve le même mode opératoire que dans certaines grandes affaires ayant défrayé la chronique ces dernières années, celles concernant Gérard Depardieu ou Patrick Poivre d’Arvor, deux hommes de la même génération. Là encore, le scénario semble être le même : un personnage puissant dans son milieu, adulé par des femmes très jeunes, profite de son aura pour attirer dans sa toile des personnes vulnérables, soit en raison de leur jeune âge, soit en raison de leur solitude, soit en raison de leur classe sociale. Ces violences dénoncées découlent d’un narcissisme et d’un égotisme fous mais aussi d’une grande lâcheté, car quoi de plus facile que de profiter de mineures ou de femmes jeunes et sans défense qui comprennent trop tard ce qui est en train de leur arriver.

Formé à l’école du théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, fondé peu après 1968 dans un esprit communautaire, Philippe Caubère a été la figure de proue d’un certain théâtre hérité de ces années-là, à la parole décomplexée, au jeu virtuose et exaltant voire exalté. Il fait partie de cette génération post-1968 pour laquelle tout semblait permis, y compris les pires interdits, ce qu’il revendiquait dans des «seul en scène» très autobiographiques qui faisaient chaque fois salle comble. Mais ça, c’était avant #MeToo, qui a soudain ouvert les yeux de la société sur les nombreux abus dont les femmes étaient victimes dans tous les milieux, et d’abord dans celui de la culture. Philippe Caubère a d’ailleurs été un de ceux qui ont très vite dénoncé les «dérives» de ce mouvement né des violences exercées sur les femmes par le producteur américain Harvey Weinstein. Comme quoi, on peut être talentueux mais se comporter en parfait salaud et ne rien comprendre aux évolutions du monde.