«Tefal City». Le surnom que porte la ville de Rumilly (Haute-Savoie) pourrait être une invitation à imaginer un scénario de BD, quelque part entre les aventures version savoyarde d’une Ma Dalton en cuisine et les prouesses de superhéros d’un batman écolo… Sauf que le sujet n’a rien d’une fiction amusante puisque l’on parle de ces fameux Pfas, ces substances chimiques «per et polyfluoroalkylées», plus connues sous le nom de «polluants éternels». Rien que le nom fait peur.
Aux Etats-Unis, la bataille pour les interdire a démarré depuis un moment. En France, elle ne fait que commencer. Une proposition de loi écolo est examinée ce jeudi à l’Assemblée nationale et pour son promoteur, le député de Gironde Nicolas Thierry, il s’agit d’acter la «fin de l’inaction» contre le «poison du siècle». Rien que ça. C’est vrai que ce poison se niche partout ou presque, puisqu’on le retrouve, et la liste est loin d’être exhaustive, dans l’air, les poussières, les rivières, les fruits, les poissons, l’eau potable, les emballages alimentaires, les vernis, les tissus d’ameublement, et donc, les ustensiles de cuisine et autres poêles produites à Rumilly. Les spécialistes parlent de «bombe sanitaire», dont les conséquences sur l’environnement comme sur la santé humaine ne font désormais aucun doute.
Pourtant, à Tefal-Rumilly-City, malgré une pollution avérée de la nappe phréatique, les salariés de l’entreprise, les syndicats – main dans la main avec la direction – et les élus se mobilisent pour défendre leur industrie, les emplois et les subventions à la vie sportive et associative locale qui vont avec. Un vrai cas d’école des tensions entre enjeux environnementaux ou sanitaires et activités économiques et équilibres sociaux. La proposition de l’industriel de participer au financement des coûts de fonctionnement d’une nouvelle usine de traitement des eaux ne peut en tout cas pas être considérée comme une réponse à la hauteur d’une planification de la transition écologique digne de ce nom.