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Libération
L'éditorial d'Alexandra Schwartzbrod

Pour apprendre à vivre sans culpabilité, la route est encore longue

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Violences sexuellesdossier
Le sentiment de culpabilité façonne la vie de toutes les femmes. Il est l’objet du nouvel essai de Mona Chollet, qui résonne incroyablement avec l’actualité du procès de Mazan, où Gisèle Pelicot, violée par des dizaines d’hommes, est poussée à se justifier.
Mona Chollet, à Paris le 17 septembre 2024. (Camille McOuat/Libération)
publié le 19 septembre 2024 à 20h28

Que celle qui n’a jamais ressenti le moindre sentiment de culpabilité se dévoile. Si elle existe. Car les occasions de subir cette pression dans la vie d’une femme sont multiples. A tous les âges. A l’adolescence quand le corps se transforme avec tous les complexes que cela entraîne, à l’âge des études quand il ne faut pas rater la marche, à celui de la vie active quand il faut choisir entre s’affirmer dans son travail ou se mettre en retrait le temps d’une grossesse, puis quand il faut gérer en parallèle vie amoureuse, enfants, et vie professionnelle sans se laisser ronger par la peur de mal faire, ou quand au contraire on choisit de ne pas avoir d’enfant et que le monde extérieur fait peser sur vous un regard lourd d’interrogations et de reproches, et encore plus tard quand, l’âge venu, on se compare à plus jeune, plus moderne, plus fraîche.

La société, la culture, les habitudes sont ainsi faites que tout pousse une femme à douter : de sa force, de ses compétences, de sa beauté, de son amour, de son utilité, de ses engagements. «Chaque jour, nous sommes confrontées à des représentations négatives de nous-mêmes», nous dit Mona Chollet, qui a décidément le talent pour trouver les sujets d’essais qui percutent. Son nouveau livre, Résister à la culpabilisation, résonne incroyablement avec l’actualité du procès de Mazan. Voilà une femme, Gisèle Pelicot, qui a subi des années durant les viols de son mari et de dizaines d’inconnus auxquels celui-ci la livrait, préala