Le président américain Joe Biden atterrira à l’aéroport Ben Gourion ce mercredi pour manifester sa solidarité avec Israël après l’attaque sanguinaire du Hamas, dont les détails monstrueux ne sont pas encore tous publiables. Cette visite presque impromptue en pleine guerre a deux buts distincts, qui sont malheureusement contradictoires.
Le premier vise à renforcer la détermination du plus proche allié des Etats-Unis au Moyen-Orient à éradiquer le Hamas, mouvement terroriste à visées génocidaires, en manifestant un soutien sans faille, illustré par l’envoi d’un second porte-avions américain en Méditerranée orientale, dans le but de «dissuader les actions hostiles contre Israël».
Le second but, bien plus flou, est de fixer des limites à la nouvelle phase de combat israélienne à Gaza, qui devrait comprendre des bombardements plus meurtriers encore et une invasion terrestre dont nul ne peut esquisser les contours. Lors d’une conférence de presse lundi soir, John F. Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité, a déclaré que le président Biden se concentrerait sur «le besoin critique d’une aide humanitaire à Gaza, ainsi que sur la possibilité pour les innocents de sortir».
Cela ne peut pas suffire. Les invasions de l’Afghanistan, d’Irak ou du Liban avaient toutes été provoquées par une attaque terroriste, elles ont toutes été perçues comme légitimes et se sont toutes terminées par un désastre humanitaire et politique. Aussi monstrueuse qu’ait été l’attaque du 7 octobre sur Israël, il en sera de même pour Gaza. Alors que nous écrivons ces lignes, les premières images d’une frappe non identifiée ayant touchée mardi soir l’enceinte de l’hôpital Ahli Arab à Gaza font craindre des centaines de nouvelles victimes. Avant même la deuxième phase israélienne, les bombardements qui la préparent ont déjà fait beaucoup trop de victimes innocentes, et l’opinion publique mondiale est en train de changer radicalement. Biden a l’obligation morale et politique d’expliquer à son allié que l’empathie américaine n’est pas une carte blanche à une tuerie vindicative qui prend déjà la forme d’un nouveau massacre.