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Libération
L'édito de Paul Quinio

Pour Emmanuel Macron, l’heure d’être à la hauteur de la scène intérieure

Affaibli et mis à l’épreuve par sa dissolution de l’Assemblée en juin, le chef de l’Etat va tenter de reprendre pied ce mardi 13 mai, au 20 heures de TF1. Histoire de s‘éviter une interminable et très pénible fin de quinquennat.
Allocution télévisée d'Emmanuel Macron, à Paris le 5 mars 2025. (Boby/Libération)
publié le 12 mai 2025 à 20h29

Souvenez-vous, ce n’était pas il y a un siècle. Emmanuel Macron aimait laisser penser qu’il était «le maître des horloges». Ce qui n’était pas complètement vrai, mais pas complètement faux non plus. Le président de la République exerçait normalement ses fonctions : comme ses prédécesseurs, il confondait celles-ci avec celles du Premier ministre, celles du chef de sa majorité, celles des présidents du Parlement et parfois même de l’élu de quartier. Bref, il était omniprésent, sur la scène extérieure comme intérieure. Au fil des jours, des semaines, des mois, sa verticalité, certaines de ses réformes, ses erreurs d’appréciation, ses revirements, ses résultats – ou l’absence de résultats –, l’usure du pouvoir tout simplement, l’ont affaibli. Là encore, comme certains de ses prédécesseurs, ni plus ni moins, mais plutôt plus en fonction des moments.

Et puis Emmanuel Macron a commis cette énorme erreur de dissoudre l’Assemblée nationale, appréciée comme telle par les Français qui, alors, l’ont privé de majorité à l’issue des législatives anticipées. Depuis, c‘était il y a un an, mais on dirait un siècle tant la France est à l’arrêt, le Président cherche de l’air. Il en a trouvé un peu sur la scène internationale, où les crises s’accumulent. Il va chercher ce mardi 13 mai, à la télévision, à en retrouver aussi sur la scène intérieure. Histoire de s‘éviter une interminable et très pénible fin de quinquennat.

Mais la politique est décidément bien facétieuse : la tentative d’Emmanuel Macron de reprendre pied au niveau national va se tenir dans un climax international quasi inédit, entre une visite annoncée comme «historique» de Trump au Moyen-Orient et une agitation diplomatique intense autour de l’Ukraine. Question timing et maîtrise des horloges, c‘est ballot, pas idéal en tout cas pour faire passer un message essentiel et revenir sur le plancher des vaches intérieur. Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il pourrait annoncer la tenue d’un référendum. Idéal sur le papier pour retisser le lien avec les Français. Si l’on croit que la politique n’est pas facétieuse et s’écrit sur une feuille de papier…