C’est l’autre guerre mondiale qui menace. La peur d’une offensive chinoise sur Taiwan hante la communauté internationale depuis un certain temps déjà, mais la période s’annonce particulièrement périlleuse. Des élections présidentielle et législatives sont prévues samedi 13 janvier sur l’île et leurs résultats conditionneront l’avenir de cette république démocratique qui se veut garante du statu quo dans le détroit, malgré les envies de «réunification» manifestées par Pékin. L’actuelle présidente, Tsai Ing-wen, qui a su non seulement tenir tête à l’autocrate Xi mais aussi mettre en avant l’excellence industrielle, sanitaire et sociétale de l’île, ne se représente pas et les deux candidats qui tiennent la corde ont des projets qui s’opposent : William Lai (centre gauche), qui se présente comme le successeur de Tsai, est un farouche partisan de l’autonomie de l’île, tandis que Hou Yu-ih (droite nationaliste) se montre ouvertement pékinophile.
Reportage
En toute logique, la ligne de l’indépendance devrait l’emporter vu le fort sentiment d’hostilité à Pékin manifesté par la population, mais pas sûr que les législatives confortent le résultat de la présidentielle. Ce qui risque de fragiliser Taiwan à un moment où Pékin peut considérer avoir une «fenêtre de tir» idéale pour lancer une offensive. Les Américains, principaux partenaires militaires de l’île, les seuls qui pourraient voler à son secours en cas d’invasion chinoise, sont déjà encalminés – indirectement – dans deux conflits majeurs, l’Ukraine et Gaza. Et surtout, ils sont en pleine campagne électorale, ce qui lie sérieusement les mains du président Joe Biden, en perte de vitesse dans les sondages et donc très contraint dans les mois à venir. L’échéance de samedi est cruciale pour Taiwan. Mais aussi pour la région et la planète entière. Au-delà des risques humains et géopolitiques, une guerre entre la Chine populaire et Taiwan coûterait au monde, selon Bloomberg Economics, plus de 10 000 milliards de dollars la première année, soit 10,2 % du PIB mondial.