Et voilà : une candidature de plus à gauche. Comme beaucoup s’y attendaient, Christiane Taubira est arrivée dimanche soir en tête de la primaire populaire, ajoutant davantage de complexité encore à un camp politique qui ne s’y retrouve plus. Et fragilisant surtout un peu plus Anne Hidalgo, arrivée en cinquième position derrière… Pierre Larrouturou. Une vraie claque. Même si la candidate socialiste a assuré que le résultat de la primaire populaire ne la ferait pas dévier de sa route, la pression va s’accentuer sur elle. Y compris de son propre camp.
On peut bien sûr ne pas prendre au sérieux cette primaire organisée sans l’accord des principaux candidats concernés. Mais près de 400 000 personnes se sont mobilisées pour désigner la personne la plus apte à porter les couleurs de la gauche. Ce n’est pas rien. L’idée de ses organisateurs était de sauver la gauche malgré elle, de pousser ses représentants à mettre leur ego derrière l’oreille et à regarder la situation en face : aucun, séparément, n’a la moindre chance de gagner la présidentielle. Mais l’initiative a été lancée trop tard et les désaccords entre les uns et les autres sont trop grands. Pour Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, arrivés respectivement en deuxième et troisième positions, il est hors de question de rallier Taubira. Jadot a déjà donné en s’alliant à Benoît Hamon en 2017, avec les résultats que l’on sait, il ne veut plus en entendre parler.
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Alors ? La gauche est-elle condamnée à ce suicide électoral ? Les jours qui viennent le diront. Christiane Taubira a la cote auprès des jeunes qui restent marqués par ses envolées lyriques à l’Assemblée nationale lors des débats sur le mariage pour tous. Mais elle devra faire oublier aux plus âgés son refus d’appeler les Guyanais à se faire vacciner quand l’épidémie faisait des ravages dans sa région. Et sous quelle couleur politique va-t-elle concourir, avec quels moyens, quels soutiens et quel programme ? Il lui reste peu de temps pour l’expliquer. Et surtout convaincre.