Les signaux sont trop nombreux pour ne pas s’inquiéter. Ils viennent de l’étranger. Ils clignotent aussi ici en France. La démocratie va mal. L‘élection de Donald Trump en est, à l’extérieur de nos frontières, le dernier exemple le plus criant, et la salve des nominations annoncées depuis dix jours n’a rien de rassurant. Il y a quatre ans, l’assaut du Capitole ne l’était déjà pas, mais les institutions américaines n’ayant pas craqué, on avait regardé un peu ailleurs, même si une des maisons-mères de la démocratie continuait de se consumer. Le triomphe il y a dix jours du populisme trumpien, autoritaire, vulgaire, xénophobe, dopé aux fake news nous remet le danger sous les yeux. Avec, forcément, l’inquiétude d’une contagion, déjà à l’œuvre, mais qui pourrait s’accélérer.
Le terrain politique français est trop fragile pour écarter ce risque d’une propagation antidémocratique, au-delà des cercles déjà contaminés de l’extrême droite hexagonale. Il serait stupide de laisser penser que le danger date de 2017 et de l’élection d’Emmanuel Macron. Les interrogations sur la vitalité de nos institutions remontent à bien avant. La dévitalisation de la démocratie sociale aussi. Comme le sentiment de déconnexion d’une partie importante de la population avec la politique. Ce qui est vrai en revanche, c’est qu’Emmanuel Macron a en partie été élu sur la promesse de travailler à un renouveau démocratique. Mais qu’il a grosso modo foiré ses propres initiatives en la matière (états généraux, Conventions citoyennes…) ou fait la sourde oreille sur ses propres défauts (sa tendance jupitérienne pour résumer). L’abracadabrantesque séquence électorale des européennes, de la dissolution et des législatives conclue par l’arrivée de Michel Barnier à Matignon signe cet échec macroniste. Ouvre-t-elle la voie à une bascule française déjà observée chez certains de nos voisins ? C’est parce que nous ne nous y résignons pas, mais aussi parce que l’information est un des leviers de résistance à cette bascule populiste, que nous sommes allés chercher 18 contributions, modestes, concrètes ou au contraire ambitieuses et abstraites, mais toutes vectrices d’espoir.