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Libération
L'édito d'Hamdam Mostafavi

Prostitution des mineures : pédocriminels en toute impunité

En France, des milliers de fillettes et adolescentes prostituées sont victimes d’hommes de tous profils, des clients actifs sur Internet. Et quasiment jamais inquiétés par la justice ou la police faute de moyens.
(Hugues Micol/Liberation)
publié le 3 juillet 2025 à 20h33

Le problème est connu. Beaucoup de politiques ont tenté de le régler. Plusieurs lois ont été votées. Mais rien ne semble efficace pour endiguer la dramatique augmentation de la prostitution des mineures. Le phénomène n’a cessé de s’amplifier ces dernières années, notamment depuis la crise sanitaire et le confinement. Avec Snapchat, WhatsApp et leurs messages éphémères, avec les réseaux sociaux et les petites annonces en ligne, les jeunes filles livrées à la prostitution ne sont qu’à quelques clics. De tout âge, de toute classe sociale et de tout profil : comme dans le procès des viols de Mazan, les informations sur les clients récoltés par nos journalistes sont édifiantes par leur banalité. Des pères de famille, des dirigeants d’entreprise, des hommes bien insérés dans la société se livrent à ces violences dans une impunité presque totale.

La loi d’avril 2021 prévoit pourtant des peines de cinq ans d’emprisonnement si la jeune fille a entre 15 et 18 ans. Si l’adolescente a moins de 15 ans, elle est présumée non consentante : c’est donc un viol, passible de vingt ans de prison. Mais si les lois existent et que l’arsenal répressif n’a cessé de se renforcer, la criminalisation des clients se heurte à un principe de réalité. La police manque de moyens. Et quand elle en consacre à ce sujet, rares sont les cas où les clients sont effectivement condamnés. Car la charge de la preuve est toujours difficile à faire devant le juge, les hommes feignant ne pas avoir su qu’il s’agissait de mineures. Du côté des jeunes filles, le travail des associations et de la justice est entravé par le fait que nombre d’entre elles, prises dans un engrenage qui les conditionne à accepter les pires traitements, ne s’identifient pas comme victimes. Il faut cependant, inlassablement, continuer à informer sur ce fléau, pour favoriser une prise de conscience du crime du côté des clients. Et continuer de miser sur la prévention et l’accompagnement des victimes. Pour en finir avec cette marchandisation des corps.