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Libération
L'édito de Paul Quinio

Quand Bayrou transforme le remaniement en crise politique

L’essentiel à retenir de ces trois jours d’attente est bien le coup de gueule du leader centriste, qui souligne la fragilité de la majorité relative et d’un quinquennat empêtré dans la fracture territoriale.
Emmanuel Macron et Gabriel Attal, en septembre. (Stéphane Lemouton/Abaca)
publié le 8 février 2024 à 21h40

Un nouveau gouvernement ? Ou une crise politique ? Un gouvernement en crise peut-être, avant même d’avoir été réuni sous les lambris de l’Elysée. Sans souffle en tout cas, malgré la dramaturgie de la séquence. L’histoire de France des compositions ou décompositions théâtrales de gouvernements était déjà bien fournie. La séquence que nous venons de vivre y occupera néanmoins une place de choix. Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont en tout cas réussi la performance de transformer l’annonce de la liste enfin complète du gouvernement en crise politique. Ou plutôt en demi-crise, car si François Bayrou est un habitué des coups de menton comme celui qu’il a donné mercredi soir en annonçant qu’il ne rentrerait pas au gouvernement, il sait aussi après rentrer la tête dans les épaules, courber le dos et transformer sa grosse colère en petite fâcherie. Question d’identité politique et de tempérament personnel.

Le problème, c’est que l’annonce jeudi du remaniement, avec une Nicole Belloubet qui remplace à l’Education nationale une Amélie Oudéa-Castéra qui reste aux Sports et aux Jeux olympiques, fait pschitt à tel point que l’essentiel à retenir de ces trois jours d’attente est bien le coup de gueule du leader centriste. Il souligne la fragilité qui mine désormais de l’intérieur la majorité déjà relative. Surtout, derrière la vraie fausse crise qu’il a déclenchée, le maire de Pau a évoqué deux désaccords, la fracture territoriale et l’école, que la macronie aurait tort de négliger. Emmanuel Macron est quasiment depuis le début de son quinquennat empêtré dans cette rupture entre France d’en haut et France d’en bas, élites parisiennes et gilets jaunes. Mais il n’en a jamais, au-delà des bonnes intentions genre grands débats, vraiment tiré de leçons. Quant à l’école, nommer Oudéa-Castéra en disait déjà long sur les volontés macroniennes en la matière. Le crash fut immédiat. Mais Oudéa-Castéra partie, les intentions demeurent, Nicole Belloubet ou pas.