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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Reconnaissance d’un Etat palestinien : continuer, malgré tout, à y croire

Emmanuel Macron en est bien conscient : il n’y a pas d’alternative à la solution à deux Etats. C’est pourquoi le plan qu’il a monté en coordination avec l’Arabie Saoudite doit être tenté, même si les obstacles demeurent nombreux.
Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Djedda en 2021. (Bandar Al-Jaloud/AFP)
publié le 12 juin 2025 à 20h24

Tout, aujourd’hui, nous pousse à ne plus croire à la possibilité de voir un jour deux Etats, israélien et palestinien, coexister en paix. Sur le terrain, Gaza est un champ de ruines sous le contrôle quasi total des dirigeants israéliens qui rêvent d’en chasser tous les Palestiniens, et la Cisjordanie est devenue un Far West dominé par des colons tout-puissants dont le but est de récupérer l’ensemble du territoire. Le Premier ministre israélien n’a qu’un seul objectif, rester au pouvoir, ce qui suppose de continuer la guerre, et les extrémistes du Hamas savent de la même façon que la paix signerait la fin de leur existence. Pour couronner le tout, Benyamin Nétanyahou pense pouvoir compter sur le soutien total des Etats-Unis qui font régulièrement usage de leur droit de veto pour bloquer toute résolution contraignante à l’endroit d’Israël. La situation paraît inextricable. Et pourtant, tout nous pousse à continuer à croire à l’impérieuse nécessité de reconnaître un Etat palestinien. Car il n’y a pas d’alternative.

Emmanuel Macron a fait beaucoup d’erreurs au niveau diplomatique mais ça, il l’a bien compris. Il a vu les ravages des frappes israéliennes sur la population de Gaza et il sent monter la colère de l’opinion devant l’impuissance des dirigeants du monde à faire cesser ce bain de sang. Il a monté un plan en coordination avec «MBS», le prince héritier d’Arabie Saoudite, qui a une infime chance de réussir. Il suppose un cessez-le-feu, la libération des otages, le désarmement du Hamas, la reconnaissance d’Israël par les Etats arabes, la revitalisation de l’Autorité palestinienne avec des élections à horizon d’un an sous contrôle international (Mahmoud Abbas s’y est dit prêt dans une lettre envoyée cette semaine à l’Elysée), et l’aide financière de Riyad pour reconstruire Gaza. L’idée est de faire comprendre à Donald Trump que les midterms approchent et qu’il a besoin d’une victoire diplomatique. MBS (qui vient de lui passer un contrat de vente d’armes de plus de 100 milliards de dollars) et Macron la lui apportent sur un plateau s’il contraint Nétanyahou à accepter un cessez-le-feu. Sur le papier, c’est nickel. Mais il faut que Trump l’accepte. Et que les extrémistes israéliens et palestiniens ne fassent pas capoter le plan au dernier moment. C’est loin d’être gagné. Mais cette infime chance existe. Il faut la tenter. Et il faudra recommencer si cela échoue. Inlassablement.