Ce sera donc 64 ans, l’âge où Paul McCartney se voyait en petit vieux toujours amoureux mais profondément angoissé par une question lancinante : «Auras-tu encore besoin de moi, me nourriras-tu toujours ?» En présentant mardi après-midi le projet du gouvernement pour réformer le système des retraites, Elisabeth Borne proposait une question moins poétique : comment garantir l’équilibre du système par répartition, où ceux qui travaillent financent les pensions des retraités ? Sans surprise, ni coup de théâtre, mais en invitant ses opposants à lui faire part de leurs remarques, la Première ministre a déclaré que repousser l’âge de la retraite de 62 à 64 ans en était la première condition.
Mais pas la seule : sujet hautement sensible, les régimes spéciaux de retraite dont bénéficient nombre de professionnels vont être refondus dans le projet du gouvernement, repoussant ainsi de deux ans l’âge de la retraite pour les policiers, conducteurs de train ou électriciens sur les lignes de haute tension. Inévitablement, il y aura des salariés qui vont être les premiers à pâtir de ces changements proposés, comme ceux qui ont aujourd’hui 62 ans, et il y en aura surtout qui devront continuer de travailler jusqu’à 64 ans alors qu’ils ont déjà acquis le maximum de leurs droits.
A ceux-là s’ajoutent des millions de travailleurs qui souffriront à cet âge de graves problèmes de santé causés par leurs nombreuses années de travail pénible. Cela fait beaucoup de Français qui risquent de se sentir menacés par ces propositions, sans parler de l’immense majorité des salariés qui se disent contre le report à 64 ans même s’ils ne sont pas parmi les plus touchés. Réunis pour écouter les annonces de l’exécutif, les syndicats ne s’y sont pas trompés et ont réagi presque immédiatement, appelant à une première journée de protestations le 19 janvier. La question existentielle des Beatles n’en a pas fini de résonner.