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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Rencontres amoureuses et «dating fatigue» : après l’appli, le bon temps ?

«Chronophages», «addictifs», «frustrants»… Lassés des applications de rencontre, de nombreux utilisateurs décident de miser à nouveau sur les hasards de la vie.
De la même façon qu’on recherche les «likes» sur la plateforme X ou sur Instagram, on a envie de matcher sur Tinder. (Saga/Libération)
publié le 22 mars 2024 à 21h05

L’amour est sans doute la chose la plus magique, mystérieuse et extraordinaire qui soit. Impossible à qualifier d’ailleurs : plus qu’un sentiment ou un désir, c’est un bouleversement inexplicable dans lequel l’effet de surprise joue à plein. Alors, peut-on le rencontrer sur une appli de rencontres ? Bien sûr, nous avons tous et toutes dans nos entourages des histoires de couple improbable formé sur un site, du premier coup, ou après diverses rencontres d’un soir. Ces applications servent aussi à ça, d’ailleurs, à meubler une solitude devenue insupportable ou à un pur moment de sexe entre adultes consentants, sans lendemain et sans prise de tête, et c’est très bien comme ça. Alors pourquoi, soudain, tant d’utilisatrices et d’utilisateurs lâchent-ils l’affaire et dégagent l’appli de leur smartphone ? Parce que ce n’est pas si simple.

La consultation d’une appli de rencontre en ligne peut devenir addictive, voire obsessionnelle, donc toxique. De la même façon qu’on recherche les «likes» sur la plateforme X ou sur Instagram, on a envie de matcher sur Tinder et, si ce n’est pas le cas, la déception est rude, elle peut aller jusqu’à la dévalorisation de soi et on n’a pas besoin de ça dans ce monde qui place la performance au pinacle. Les témoignages de «dating burn-out» sont ainsi de plus en plus nombreux, un comble pour une appli censée répondre à un manque. Autre impression récurrente, celle d’être une pièce de boucher sur un étal, observé, soupesé, évalué à travers l’écran d’un téléphone. Peut-être amusant un temps, insupportable à la longue. D’être dans un système de surconsommation. Et puis, on y revient, l’envie bizarrement paradoxale de magie et d’authenticité. De mystère. De surprise. Avec le printemps, les terrasses de café et les soirées jusqu’au bout de la nuit vont redevenir des lieux de rencontre IRL («in real life», dans la vraie vie) et c’est très bien aussi. Il sera toujours temps de réinstaller Tinder en novembre quand la nuit tombe à 17 heures et qu’il fait aussi froid dehors que dedans.