La rentrée politique de la gauche française a toujours l’air d’une fausse promesse, comme le rayon des crèmes anti-âge en pharmacie ou un livre de recettes intitulé «Délicieux desserts d’Asie» en librairie. Et pourtant on achète, n’est-ce pas ? Il faut bien rêver. Cette année, le mot d’ordre dans plusieurs universités d’été des différents courants est «une candidature unique est possible». Chaque candidat y croit, mais séparément. Dans ces conditions, les chances d’une victoire de la gauche sur le camp des Bruno Retailleau et Jordan Bardella peuvent paraître minces ; mais il y avait cette semaine une chance sur 140 millions de gagner le gros lot à l’Euromillions, et quelqu’un a quand même décidé de tenter le coup. Nos journalistes ont ainsi rencontré ceux qui y croient, et ceux qui n’y croient pas mais veulent y croire.
Autant parler programme, donc, et éviter la question du candidat, entre un Raphaël Glucksmann de moins en moins timide et une Marine Tondelier de plus en plus catégorique, sans oublier les communistes et les faux indépendants. Tandis que de timides avancées sur les prochaines conventions thématiques de ce «Front populaire 2027» peuvent être soulignées – l’éducation, les salaires, l’environnement et la jeunesse sont autant de sujets qui reviendront ce week-end – on apprenait que l’éléphant dans la pièce, La France insoumise, misait sur le boycott de journalistes qui auraient le tort de bien faire leur métier. En ligne de mire, les coauteurs du livre événement la Meute, Olivier Pérou du journal le Monde, qui s’est vu refuser son accréditation au meeting des insoumis, et Charlotte Belaïch de Libération, dont la direction a été avertie qu’elle ne pourrait plus couvrir le parti. Les tactiques d’extrême droite sont bien connues, mais sont-elles vraiment efficaces et peuvent-elles propulser à l’Elysée le trois fois perdant à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ? On en a presque hâte d’arriver déjà au dessert, délicieux ou pas.