Objectivement, quand on voit la difficulté que nous avons, nous, adultes, à préserver notre santé mentale dans ce monde en surchauffe que nous voyons se déchirer à travers des écrans allumés quasi vingt-quatre heures sur vingt-quatre, nous comprenons aisément pourquoi celle des jeunes est de plus en plus préoccupante. Les chiffres que nous publions aujourd’hui font frémir : près du quart des lycéens déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois. Les causes sont multiples : absence totale d’horizon et angoisse de l’avenir ; fragilité des parents qui rejaillit sur les enfants ; pression sur les notes ; harcèlement à l’école ou sur les réseaux sociaux ; vidéos traumatisantes… A un âge où l’on se cherche et où l’on manque facilement de confiance en soi, il suffit de peu pour basculer dans la dépression ou les troubles anxieux.
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L’addiction numérique est un vrai sujet que les pouvoirs publics commencent à prendre en compte mais qui ne se résoudra pas si les parents n’y mettent pas du leur. Quand on pense que les filles qui ont obtenu un smartphone à 6 ans nourrissent jusqu’à 48 % de pensées suicidaires une fois adultes contre 28 % chez celles en ayant obtenu un à 13 ans, on comprend l’urgence qu’il y a à prendre ce sujet à bras-le-corps. Cela passe par la nécessité d’interdire le portable aux plus jeunes mais aussi par la possibilité de consulter un spécialiste à la moindre alerte. Sauf que, là aussi, les chiffres font frémir : la France ne compte plus, en moyenne, que six à sept pédopsychiatres pour… 100 000 jeunes ! Et on imagine bien que, plus l’on s’éloigne d’une grande ville, plus ce chiffre baisse, ce qui cause d’énormes disparités territoriales. Des chiffres indignes d’un pays se considérant à la pointe en matière de santé publique. On voit tous les jours autour de nous les ravages causés par le manque d’investissement dans la filière psychiatrie, le problème devient crucial quand il s’agit des jeunes qui n’ont pas le même système de défense que les adultes. Les pouvoirs publics misent sur la prévention. C’est bien, mais cela ne suffira pas.