En cette rentrée, il n’y a pas que la note de la France par l’agence de notation Fitch qui soit dégradée. Le climat social, la capacité de dialogue politique, la confiance des Français en leur Premier ministre… Sébastien Lecornu vient juste d’entrer à Matignon mais la sortie paraît déjà toute proche. La seule coalition qui tienne est celle qui, des partis politiques aux patrons, en passant par les agriculteurs et les syndicats, semble s’être donnée le mot pour lui mettre une pression maximum à peine franchi le perron de Matignon.
Pourtant, Sébastien Lecornu a voulu donner très vite des gages de sa bonne volonté. Il met en scène la suppression des deux jours fériés (mais qui y a cru sérieusement ?), promet de discuter de justice fiscale (faut-il y voir une ouverture vers la taxe Zucman ?), s’engage sur une méthode douce (sans 49.3 donc). Mais changer la forme ne change pas les désaccords sur le fond, et on est bien en difficulté d’imaginer quelle voie de consensus il pourrait trouver. Ce fidèle de Macron peut-il vraiment cesser de faire du macronisme ? Il n’a certainement jamais été aussi difficile d’être et de droite et de gauche. Macron a réussi son pari : il reste la seule constante du pays. Sans droite, ni gauche, il n’y a plus que lui. Mais seul, on n’accomplit rien et on est responsable de tout.
Récit
Plus grave, dans l’intervalle, Macron a presque perdu tous les Français, ne créant que des insatisfaits. Et pour cause, quel horizon nous propose l’exécutif aujourd’hui, quel projet de société ? Des économies de bout de chandelle, réduire une dette qui malgré tout le tapage de François Bayrou reste bien abstraite pour les Français confrontés chaque mois à leur propre découvert sans compter le détricotage du modèle social. Dans cette France qui ne raisonne plus qu’en chiffres – des déficits, de l’immigration, de l’âge de la retraite, etc. –, les calculs politiques sonnent à présent tous faux. A en juger par la colère qui monte de toutes parts, Lecornu n’a pas encore trouvé les mots justes pour réparer les maux.