L’époque est vertigineuse : de la santé à l’école en passant par les institutions, les principaux pans de notre société doivent être repensés. Et il en est un qui ne peut plus attendre : le secteur agricole, dont dépendent nos ressources en eau et nos modes d’alimentation futurs. L’été que nous venons de traverser, avec ses épisodes extrêmes – canicule, sécheresse et donc risques accrus d’incendies – montre que le chantier est énorme.
Nos choix agricoles étaient peut-être pertinents au XXe siècle quand on n’imaginait pas manquer d’eau un jour (les agriculteurs absorbent 45% de l’eau consommée chaque année dans l’Hexagone), ils ne le sont plus en ce début de XXIe siècle.
Si elle ne veut pas subir, la profession doit donc réagir. S’adapter, sans tabous. Et dans tous les domaines : de la sylviculture à la culture maraichère en passant par l’élevage, de bovins surtout. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions, du moins des pistes. La violence des incendies de cet été a confirmé par exemple que le pin est une essence particulièrement inflammable, c’est un vrai sujet.
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La sécheresse, elle, a prouvé ce que de nombreux écologistes soulignent depuis fort longtemps : l’aberration des cultures massives de maïs (destiné aux animaux d’élevage notamment) qui nécessitent des quantités d’eau astronomiques. Or, on sait que son lointain cousin, le sorgho, consomme environ 40% d’eau en moins, et pourrait être une culture de substitution. Réduire notre consommation de viande (et pas forcément la supprimer) permettrait aussi de réduire tout à la fois le besoin de maïs et les émissions de gaz à effet de serre ; il faudrait faire de cette résolution, bien plus qu’une mode, une règle de vie. Car la révolution agricole ne concerne pas les seuls agriculteurs. Ceux-ci sont les principaux concernés, mais nous avons peut-être aussi, nous consommateurs, un rôle important à jouer dans ce changement de modèle.