Menu
Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Guerre en Ukraine : une semaine cruciale pour l’Europe

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
En proposant à Vladimir Poutine une rencontre en Turquie jeudi, Volodymyr Zelensky a réussi à le mettre dos au mur. Un énième tour de force qui pourrait amadouer les Etats-Unis et peser lourd dans le bras de fer diplomatique.
Zelensky face aux journalistes, à Kyiv, le 13 mai 2025. (Jedrzej Nowicki/Libération)
publié le 13 mai 2025 à 20h57

On peut dire que cet homme a de l’endurance. Volodymyr Zelensky a su, pour l’heure, résister à tout : les tueurs russes aux premières heures de l’invasion de l’Ukraine, les bombes et les missiles sur Kyiv depuis plus de trois ans, les rivalités internes, les tergiversations des dirigeants européens et jusqu’aux colères de Donald Trump en mondovision dans le bureau ovale qui auraient pu laminer durablement son image et son crédit. On le chasse par la porte, il rentre par la fenêtre, on l’aplatit plus bas que terre, il se redresse tel un ressort, rien ne semble atteindre le président ukrainien et c’est sa force. Il a connu deux présidents américains, plusieurs premiers ministres britanniques et chanceliers allemands, un seul président français - avec qui il est devenu «super pote», comme il l’a confié à notre envoyée spéciale - deux mandatures européennes et lui, dirigeant d’un pays attaqué par un géant, est toujours là, détendu, prêt à discuter avec tout le monde, d’abord et surtout avec son pire ennemi, Vladimir Poutine. En prenant dimanche au mot le président russe qui s’était dit prêt à des discussions «directes» avec les Ukrainiens et en lui proposant de le retrouver jeudi à Istanbul ou Ankara, fort du soutien total de «la coalition des volontaires» qui a menacé de durcir les sanctions sur Moscou, Zelensky a désarçonné son homologue russe qui, depuis, ne pipe mot.

Dans l’interview qu’il a accordée en exclusivité française à Libération, le président ukrainien n’y va pas de main morte : «Je ne crois pas que Poutine soit capable de venir, il aura peur. Mais je laisse quand même une petite probabilité qu’il vienne, parce que c’est un dirigeant, il est courageux, je suppose.» Tout est dans le «je suppose» qui, soit hystérisera Poutine, soit le piquera au vif. Il est peu probable que cette semaine marque la fin de la guerre en Ukraine mais, si Zelensky parvient à se prévaloir du soutien des Européens et de Donald Trump (qui a annoncé que Marco Rubio serait en Turquie jeudi) et à mettre Poutine dans l’embarras, alors elle marquera assurément un tournant.