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Libération
L'édito de Dov Alfon

Seul un Front populaire version 2024 pourra faire barrage à la vague nauséabonde de l’extrême droite

Malgré un timing très serré, la gauche doit nécessairement s’entendre, comme elle l’avait fait le 11 juin 1934, pour rivaliser face à l’extrême droite liberticide.

Ce lundi 10 juin 2024, sur la place de la République lors d'un rassemblement pour l'union des partis de gauche. (Denis Allard/Libération)
ParDov Alfon
Directeur de la publication et de la rédaction
Publié le 10/06/2024 à 21h17

C’était ce soir il y a exactement quatre-vingt-dix ans, hasard du calendrier probablement, comme les gens de gauche préfèrent ne pas croire aux signes. Les deux leaders socialistes, Léon Blum et Jean Zyromski, rencontraient à Ivry en grand secret Maurice Thorez, le dirigeant du parti communiste qui bloque toute possibilité d’un accord d’union de la gauche. Le tournant fasciste est là, en France, et malgré son ego démesuré, Thorez comprend l’importance du moment. Nous sommes le 11 juin 1934, et devançant les mots d’ordre du Komintern, il propose à Blum sa formule pour l’union : un «Front populaire de la liberté, du travail et de la paix».

L’union des gauches était lancée, et le «Front populaire» allait connaître un succès historique. Il ne peut pas en être autrement aujourd’hui : le vif succès du Rassemblement national aux élections européennes, premier choix des électeurs dans l’immense majorité des villes et des communes de France, pourrait se transformer aux élections législatives en raz-de-marée. Les marchés y croient tellement que leur première réaction a été de s’enfuir de l’euro et de faire chuter les actions de sociétés françaises. Et qui pourrait en douter ? D’après les premiers sondages, l’extrême droite pourrait envoyer 235 à 265 députés à l’Assemblée nationale.

Seule l’union des gauches, un Front populaire version 2024, pourra faire barrage à cette vague nauséabonde. En la proposant immédiatement dès dimanche soir, l’insoumis François Ruffin a lancé une dynamique qu’il faut maintenant renforcer et accélérer, car les différents leaders de la gauche, dont on connaît les qualités mais aussi les défauts, n’ont que jusque la fin de la semaine pour s’accorder. Hasard du calendrier encore ? Oh que non, laps de temps calculé par les fins stratèges entourant Emmanuel Macron pour rendre quasi impossible une union qui l’avait affaibli, sous le sigle de la Nupes, lors des dernières élections.

Ce quasi-impossible doit pourtant se réaliser ; c’est dimanche soir que doivent être déposées les listes électorales et se jouera, les 30 juin et 7 juillet, l’avenir de notre démocratie. Séparée, la gauche se brisera dans les urnes, balayée par une extrême droite liberticide ; unie, elle pourra défendre nos libertés.