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Libération
L'édito de Lauren Provost

Shein au BHV : à la fin, c’est toujours le consommateur qui trinque

La marque d’ultra fast fashion ouvre son premier magasin physique, au monde, mercredi à Paris. Signe que la France semble incapable de stopper le rouleau compresseur chinois et son lot de pollutions et conditions de travail indignes.

Devant l'entrée du BHV à Paris lundi. (Denis Allard/Libération)
ParLauren Provost
Directrice adjointe de la rédaction, en charge du Numérique
Publié le 03/11/2025 à 20h22

Un mois de vive polémique, de grèves, de pétitions, de fuite des marques et des investisseurs… Mais rien n’a arrêté le patron de la Société des grands magasins, Frédéric Merlin. Mercredi 5 novembre, le géant chinois de la mode ultra éphémère Shein ouvrira son tout premier magasin physique au BHV. Une «première mondiale» s’enthousiasme son gérant qui s’affiche avec le président exécutif de Shein en façade du bâtiment. Une énième provocation, alors que, le même week-end, la découverte de poupées sexuelles à caractère pédopornographique sur le site d’e-commerce a fait bondir jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Le ministre de l’Economie a assuré qu’en cas de récidive, il demanderait «à ce qu’on interdise l’accès à la plateforme Shein en France».

Les faits sont graves et pourtant insuffisants à bannir le site d’e-commerce du territoire ou même des moteurs de recherche comme Google. La France semble incapable de stopper le rouleau compresseur chinois. La finalisation de la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental de l’industrie textile attend toujours. Et sans l’aide de l’Europe, le bras de fer paraît perdu d’avance.

Et quand bien même : le loup est déjà dans la bergerie. Le corner du BHV n’est que la première étape de l’implantation «physique» de Shein qui ouvre cinq autres magasins en France ce mois-ci aux Galeries Lafayette de Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges.

Alors quoi ? Il ne reste plus qu’à en appeler à la responsabilité des consommateurs ? A eux d’oublier les tee-shirts à 1 euro pour se préoccuper de la liste longue comme le bras des fléaux qu’amène Shein en France et dans le monde ? Pollution de la marque, championne planétaire des émissions carbone. Microparticules de plastique de ses vêtements en polyester. Montagnes de vêtements jetés. Produits toxiques. Conditions de travail indignes. Emplois détruits par la concurrence déloyale quand on ne respecte ni les droits sociaux, ni la sécurité du consommateur.

A la fin, ce serait donc au consommateur de faire face au colosse dont le chiffre d’affaires a atteint les 38 milliards de dollars en 2024 ? Il y a comme un problème.