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Libération
Edito

Sobriété énergétique: plus personne ne ricane

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
La catastrophe climatique et la guerre en Ukraine nous mettent au pied du mur : il faut désormais envisager sérieusement les économies d’énergie.
Conseiller de porter un col roulé ne suffira pas. (Mac99/Getty Images. iStockphoto)
publié le 5 octobre 2022 à 21h16

Si le monde résiste au rouleau compresseur de cette année folle, 2022 restera dans l’histoire comme un tournant majeur, celui qui aura forcé la planète, et notamment les Européens, à s’habituer à l’idée de sobriété, et même à s’y plier. Jusqu’alors, ce mot restait l’apanage des écologistes qui le voyaient comme le seul moyen de freiner les conséquences pratiques du dérèglement climatique. Il était pour les autres un gros mot, provoquant au mieux un haussement d’épaules moqueur. Souvenons-nous des ricanements sur ces écolos qui envisageaient de nous faire lire à la bougie.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, qui a poussé les Européens à limiter leur dépendance au gaz russe quitte à en manquer durant l’hiver, plus personne ne ricane et l’on peut d’ores et déjà miser sur un bond des ventes de bougies et bouillottes dans les mois à venir. D’autant qu’à la sobriété forcée s’ajoute cette année – en raison de la multiplication des épisodes extrêmes (canicule, sécheresse, inondations etc.) – une réelle prise de conscience des dégâts concrets et immédiats causés par le réchauffement. D’où le branle-bas de combat gouvernemental, qui arrive un peu tard et même très tard, mais dont on espère qu’il marquera le début d’une nouvelle ère, plus soucieuse de mettre fin au gaspillage et à la dégradation de la planète.

Chacun sait désormais que des solutions existent, des petits aux grands gestes : il suffit de lire nos reportages dans une mairie, une boulangerie ou une famille pour le comprendre. Mais certaines mesures, coûteuses dans un premier temps, ont besoin d’une aide publique plus importante, comme la rénovation des bâtiments. Il va falloir le prendre en compte. Conseiller de porter un col roulé ne suffira pas. Cet impératif de sobriété, beaucoup y sont prêts, à condition que l’effort soit partagé. S’il n’est pas appliqué à l’ensemble de la société, non seulement il ne servira à rien, mais il créera incompréhension et colère.