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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Sommet international sur les océans : l’heure est aux décisions fortes

Surpêche, pollution, réchauffement climatique… Face aux menaces qui pèsent sur les océans, il est nécessaire de prendre des mesures concrètes. Mais la rencontre qui s’ouvre lundi 9 juin à Nice, en l’absence de la première puissance maritime mondiale, ne semble guère en capacité de renverser la table.
Deuxième puissance maritime mondiale, la France joue gros lors de la Conférence des Nations Unies sur l’océan de Nice. (Roc Canals/Getty Images)
publié le 5 juin 2025 à 19h30

A l’occasion de la conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc3), qui se tient à Nice à partir du 9 juin, retrouvez tous les articles du Libé des océans, en kiosque le 6 juin, dans notre dossier.

Faut-il attendre des décisions fortes de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan qui débutera lundi 9 juin à Nice ? Il ne faut jamais partir battu, et la plupart des participants comptent bien y arriver avec un esprit combatif, mais ne nourrissons pas trop d’espoirs : un sommet international sur l’océan qui se tient sans la première puissance maritime mondiale ne semble guère être en capacité de renverser la table.

Or, nous en sommes précisément au stade où il faudrait renverser la table, édicter de nouvelles règles, mieux encadrer certaines pratiques, voire en interdire d’autres. Car, comme l’explique le biologiste Daniel Pauly dans notre Libé des océans, on peut désormais pêcher «n’importe où, n’importe quand, n’importe quoi» et ainsi saccager les fonds marins et en épuiser les ressources. Les stocks de poissons s’effondrent à cause de la surpêche et ceux qui subsistent sont rongés par la pollution, et notamment les matières plastiques qui tapissent leur estomac.

A ces inquiétudes s’ajoutent toutes celles liées au réchauffement climatique, et elles sont légion tant la mer joue un rôle clé pour tempérer le phénomène. Le rendez-vous de Nice, même sans les Etats-Unis, est donc incontournable. Il permettra «soit d’inverser le déclin des océans d’ici à 2030, soit de documenter l’échec de l’humanité à agir», selon l’ambassadrice auprès de l’ONU du Costa Rica, coorganisateur du sommet avec la France.

La France qui joue gros dans cette affaire. D’abord parce qu’elle est la deuxième puissance maritime mondiale (en raison de son importante implantation outre-mer), ensuite parce qu’elle a donné ces derniers temps de sérieux signes de relâchement en matière de rigueur écologique, entre la réintégration de certains pesticides et la suppression des ZFE. C’est donc le moment pour Paris d’envoyer des signaux forts, aptes à prouver que la protection de l’environnement n’a pas été totalement passée par pertes et profits. L’arrêt des subventions à la pêche industrielle ou la création – et surtout le respect – d’aires marines protégées en font partie. Car, bonne nouvelle, l’expérience montre que si on ne pêche pas dans un endroit, les stocks de poissons se reconstituent. Preuve que quand on veut, on peut encore.