Le Covid aura décidément entraîné des prises de conscience qui sont en train de bouleverser durablement la société : chez les jeunes (et même les autres), il a suscité l’envie de donner davantage de sens à son travail et surtout une plus large place à sa vie personnelle ; chez les plus âgés, l’angoisse de finir sa vie dans un Ehpad dont la pandémie a révélé la face sombre. Révélations confirmées par l’implacable enquête du journaliste Victor Castanet qui, il y a un an tout juste, publiait les Fossoyeurs, une plongée effarante dans les coulisses du leader mondial des Ehpad, Orpea, accusé de maltraitances systémiques. On aurait pu espérer que, au vu de ces évolutions, Emmanuel Macron mette le turbo sur cette fameuse loi grand âge qu’il a fait miroiter en vain tout au long de son premier quinquennat, mais non, les personnes très âgées et incapables d’être autonomes sont passées une fois de plus par pertes et profits. Et le secteur continue à souffrir, incapable de retenir ou même d’embaucher des salariés rebutés par le manque de moyens, de perspectives et de sens.
Pourtant le sujet est crucial ! En 2050, c’est-à-dire demain (ou presque), un Français sur trois aura plus de 60 ans. Et, déjà, plus de 80 % des personnes âgées réclament de vieillir à domicile. Au lieu de s’atteler à la tâche, l’exécutif préfère pousser les Français à travailler plus longtemps, surtout ceux qui ont commencé tôt ou exercent les métiers les plus difficiles. Cherchez l’erreur. Les parlementaires de la majorité poussent bien une proposition de loi «pour bâtir la société du bien vieillir en France» mais elle n’est qu’un (petit) premier pas sur la voie d’une véritable loi grand âge. Pendant ce temps, dans les Ehpad, rien ne change ou alors, là aussi, à petit pas. Alors qu’il faudrait donner un grand coup de pied dans cette fourmilière pour qu’enfin l’électrochoc provoqué par les Fossoyeurs soit suivi d’effets concrets.